Le Bart du Barreau. |
A tout le moins en notoriété. Car la folle montée en puissance de la communication fait désormais que l’art de la parole de nos robins n’est plus confiné aux seules salles d’audience mais déborde, verbatime désormais de partout dans les médias.
Une bulle qui s’est mise à gonfler lors des multiples péripéties émotionnelles de l’ “affaire Dutroux” (vous souvenez-vous du député écolo Vincent Decroly, aujourd’hui avocat connu…) et qui ne s’est nullement démodée, certains avocats devenant quasi des célébrités. Et s’adjugeant automatiquement, grâce aux médias, une part de marché enviée dans un métier devenu très concurrentiel.
(ce phénomène est encore davantage sensible en Flandre ou Jef Vermassen, l’avocat de l’ “affaire Clottemans- procès du parachute”, fit l’objet d’un quasi feuilleton dans le Laatste Nieuws..) Des agences de com’ se sont d’ailleurs intéressées à ce nouveau marché, organisant des “medias trainings” pour avocats ou leur vendant des formules –on cite -“ pour mieux connaître les journalistes, leur fonctionnement et leur environnement “ et “pour garantir des échanges équilibrés et la plus juste compréhension de vos messages.” Sic.
Des avocats devenus donc très médiatiques avec souvent toutes les ficelles de com’ des grrrrands professionnels de la com’, petites phrases , entendez inserts de langage compris.
“Pour moi, un acquittement, c’est un orgasme “, lançait ainsi, il y a peu, Jean-Philippe Mayence, le marathonien des procès médiatiques (Dutroux, amants diaboliques, le procès Cools, le procès Habran, la Carolo, etc) qu’un documentaire récent d’Erik Silance nous a encore récemment montré dans ce sommet judiciaire que fut le “procès Storme”…
On s’était plutôt bien amusé, il y a quelques mois, avec Michel Grossmann et Paul Grosjean, le boss du magazine “Lobby”, a coter (sous la surveillance technique d’Interel) les différentes facettes de la communication des hommes politiques. Le grand vainqueur étant évidemment Bart De Wever, dont on ne sait d’ailleurs s’il a accroché son trophée francophone aux murs de sa nouvelle maison de Deurne.
Paul Grosjean m’avait laissé entendre en souriant, il y a peu, qu’il allait “remettre le couvert” avec les avocats. Ce qui vient d’être chose faite, en attendant de se payer les économistes chouchous des medias (accessoirement souvent d’ailleurs plus engagés politiquement que les vrais politiques élus).
Bon, c’est simple: le grand gagnant du lobby de la robe, le “Bart du Barreau”, c’est clairement ledit Jean-Philippe Mayence, classé carrément dans... quatre des cinq sous-catégories (premier en cohérence, en “forme” et en talent médiatique, deuxième en compétence et en réactivité).
On est donc content pour lui, dont la maman fut ministre PSC et dont le papa fut déjà l’un des tous grands ténors du Barreau de Charleroi, véritable légende des cours d’Assises.
Un Jean-Philippe qui, lui-même, a failli basculer à son tour un moment dans la politique pure, Louis Michel lui proposant en son temps un portefeuille de secrétaire d'Etat à la lutte contre la fraude fiscale. Qu'il déclina dans un réflexe de grande intelligence.
Bref, le tiercé gagnant, le “Top 3” déterminé avec l’aide d’un jury de journalistes judiciaires et de communicants, est simple: Jean-Philippe Mayence, Pierre Chomé (qu’on entend souvent dire de l'opportun le mardi soir sur Bel-RTL) et , ouf, on est soulagé pour son ego, Marc Uyttendaele.
Par contre, on n’aimerait guère, ces jours-ci, être l’un des avocats s’adjugeant la queue de liste et donc le “Flop 3 “ :
À savoir Abdelhadi Amrani (l’avocat du père des enfants assassinés par Geneviève Lhermitte et d’Aubin Bellens a lui-même il est vrai de gros ennuis judiciaires et disciplinaires), Georges-Henri Beauthier (cette belle âme un brin agaçante qu’on retrouve inévitablement stationnant devant les caméras à la moindre nouvelle noble cause) et Olivier Sluzny, qualifié tout de même “ d’avocat le plus drôle”.
Bon, l’exercice vaut ce qu’il vaut et on n’a pas retrouvé, nous, certains noms d’avocats qui nous venaient à l’esprit, comme si les pénalistes avaient été quelque peu favorisés, comme si on omettait qu’un avocat médiatisé n’est pas pour autant le meilleur. ( on connaît les critiques encourues, en France, par Me Gilbert Collard et d’autres stars du Barreau... )
Une certitude : ce numéro de printemps de “Lobby” va beaucoup faire jaser et parler de lui dans ce petit milieu, peu enclin à devoir à son tour souffrir l’avis d’un jury vraiment très inhabituel pour eux.