Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

lundi 10 septembre 2012

Les campagnes “décalées”: déjà, au 19ème siècle, on faisait tout pour que le nom du candidat absurde soit cité …


Mais pourquoi diable, pour ces élections Communales cru 2012, cette dérive, ce déferlement de vidéos ou d’affiches dites “décalées”,  entendez se démarquant parfois jusqu’au grotesque des codes électoraux classiques?
L’explication était déjà présente dans l’ouvrage de François de Groiseilliez qui, en 1846, avait publié “ L’art de devenir député et même ministre par un oisif qui n’est ni l’un ni l’autre”. Lequel opuscule expliquait déjà que tout candidat se devait d’abord conquérir une notoriété et, donc, ne pas hésiter à surprendre pour capter tous les regards. Tout le monde, écrivait le lettré politisé,  s’écriera : “ Voilà un homme bien absurde! Mais le nom de l’homme absurde est cité dans tous les journaux et remplit au moins la moitié d’une colonne”. (source C. Delporte)
Les technologies ont pour le moins évolué, mais le principe n’a pas changé d’un iota.
Le candidat se doit de ne pas passer inaperçu, faire en sorte qu’on parle de lui. Et poste aujourd’hui sur YouTube ou sur sa page Facebook ce qu’il imagine pouvoir faire le buzz. (avec l’exemple de Michel Daerden en tête)
Ce qui nous offre ce kitsch rafraîchissant, joyeux bouquet de photoshopages primaires ou de scénarios  incongrus… Et, comme les politiques découvrent toujours les modes avec quelque décalage, cette vague de “lip dubs” (plusieurs personnes chantant une chanson par « doublage sur les lèvres »). Dont le principal avantage, pas mince, est de permettre l’apparition à l’écran dailyémotionné de toute une équipe plus ou moins à l’aise (c’est le CDH de Woluwé-St-Pierre qui a, dans le genre, poussé le bouchon un peu loin en intégrant dans leur joyeuse farandole une candidate sous respirateur artificiel…)
Au moins ces petits candidats auront-ils effectivement une petite chance, hautement aléatoire, d’être vus. Et si les candidats ainsi portés par l’incongru concilient cela avec un programme, des réunions ou ils peuvent expliciter un programme plus sérieux, ça peut fonctionner. Si.
Car, sur le Net, il n’est qu’une certitude: les pages, les vidéos officielles des partis, celles qui ont dû passer par la multi-approbation de filtres plus conformistes les uns que les autres, celles où le candidat assermenté et rayonnant s’imagine qu’il est quasi sur TF1, cela, ça ne fonctionne absolument pas. 
Comme quoi le bide de campagne n’est pas toujours où on croit le voir.