Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mardi 9 juin 2015

Portrait d’un « tempérament »: Marie-Christine Marghem, l’ambigue. (MBelgique Hebdo du 29/5/15)

« Oh, excusez-moi de vous faire faux bond: c’est que j’ai écrasé un chat: et je suis toute bouleversée ». On est le soir des élections communales de 2006, à Tournai. Chez les socialistes locaux, on s’inquiète de la soudaine disparition-évaporation de Marie-Christine Marghem, l’échevine MCC-MR sortante théoriquement prête à signer un accord de majorité. En réalité, il n’y a de chat que dans un sac:  au même moment, elle tente en effet de nouer une tripartite alternative qui foirera, faute d’appui du cdh et des amis locaux… de l’écolo Jean-Marc Nollet. Résultat: colère du  PS local qui s’allia illico avec le cdh. Et l’ambigue Marie-Christine Marghem a dû patienter six ans avant de redevenir, en 2012, première échevine du nouveau bourgmestre PS Rudy Demotte.
L’anecdote fait encore sourire aujourd’hui le petit monde politique du Hainaut Occidental ou, quasi tous partis confondus, le tempérament de Marie-Christine Marghem -la « dure tête » comme on dit en Wallonie Picarde- inspire comme un parfum de méfiance. Les filets de notre enquête  dans la ville aux Cinq clochers ont d’ailleurs curieusement ramené, dans toutes les eaux politiques, même libérales, les mêmes mots. Marghem? Assurément de l’intelligence et de l’ambition à revendre, mais aussi un goût certain pour la manipulation, voire pour le mépris; de la désinvolture sur la connaissance des dossiers et, surtout, comme un talent presque maladif, un attrait constant pour la mensongite.

La méthode du suppositoire


Oh, on n’est pas naïfs:  puisqu’il convient de séduire le peuple, petits et gros mensonges font partie depuis toujours des moeurs politiques. Nombre de politiques considèrent d’ailleurs que les mensonges politiques sont des ruses carrément acceptables dès lors qu’il s’agit du bien public. Ce que Michel Rocard, lorsqu’il était à Matignon, appelait la «méthode du suppositoire ». La gamme du mensonge se décline ainsi avec d’infinies nuances. Dans le genre culotté, tantôt c’est un Berlusconi pour qui la politique s’apprenait à l’école du mensonge, tantôt c’est un Jérôme Cahuzac, ex-ministre socialiste français, qui nie ses comptes en Suisse avec un aplomb stupéfiant, le « mensonge droit dans les yeux ». Dans le genre plus orfèvre, d’autres sont habiles dans le brouillage, l’ambiguité, le demi-mensonge,  le travestissement de la réalité. Le succès du PTB est de cette dernière catégorie: un « rebranding » et de gentils nouveaux habits presque socio-démocrates pour une doctrine qui reste, jusqu’à nouvel ordre, d’essence très profondément marxiste-léniniste, avec Cuba pour référence principale.
La nouveauté de notre époque- ou le citoyen doit plus que jamais détecter les mensonges des récits médiatiques bidonnés- c’est que souvent, le menteur croit à son message. Il n’établit plus vraiment de distance entre ce qu’il dit et ce qu’il croit.
C’est l’usage, immodéré qu’autant injustifié, du mensonge public.

C’est un peu ce qui s’est passé ces dernières semaines en Commission quasi nucléaire de la Chambre. Ou la technique de l’avocate  Marghem a visiblement atteint ses limites politiques. Y aller à l’aplomb, au culot, à l’effet de manche, ça peut fonctionner souvent devant un juge, qui n’a pas forcément l’envie d’aller vérifier encore et encore ce que l’avocate affirme d’un ton tellement péremptoire. Ca marche quasi toujours devant un conseiller communal tournaisien qui n’a pas forcément le temps d’aller archéologiser les dossiers communaux.
Devant des parlementaires aguerris -ou simplement conscients que le noble rôle de l’opposition est de contrôler, de freiner l’éternelle tentation des majorités de passer en force- ça le fait moins.
«L’erreur avec Marghem est  généralement de croire qu’elle en fait alors qu’en réalité c’est  juste sa stratégie délibérée « commente un fin observateur libéral. « Mais ici, ajoute-t-il,  il y a un couac. Marghem n’a pas encore réalisé qu’elle était ministre, qu’elle n’était plus comme une parlementaire sur un plateau télé » commente notre informateur. « Face à l’offensive-guérilla de Jean-Marc Nollet (Ecolo) ou Kristof Calvo (Groen), ajoute-t-il, elle n’avait pas à les tourner sans cesse en dérision:. Il fallait juste leur répondre comme il sied à une ministre, surtout sur un dossier aussi sensible que le nucléaire. En gestionnaire, en leur livrant juste, comme il convenait, toutes les réponses techniques »
« Ce qu’il y a de plus surprenant, rajoute un membre éminent de la Commission de l’Economie, c’est qu’il lui arrive de mentir, pardon, de dire le contraire de la vérité, sans aucune raison apparente. Comme par plaisir. Comme s’il s’agissait d’une méthode ».
Le résultat est connu: cafouillages, contradictions, réécritures controversées, tronquage de textes juridiques, pirouettes polémiques de la ministre ont fini par énerver d’aucuns au CD&V ou à la N-VA. Et suscité de cruels commentaire des médias. Conséquence du capharnaüm; un « savon » qu’on nous dit, de très bonne source,  riche en bulles à l’avenue de la Toison d’or, siège du MR.

L’entêtée de Tournai


Pourtant, le « tempérament Marghem » ne surprend d’évidence pas grand monde à Tournai, lorsque nous y allons de notre fact-checking de terrain.
« Ici, on n’est pas étonné du tout », nous dit tout de go un habitué des conseils communaux. «  Je ne charge pas la barque mais Marghem, c’est quelqu’un qui -qu’elle soit en charge du Budget ou de l’Urbanisme- qui ne connaissait déjà pas vraiment ses dossiers. Ca a toujours été une vision plutôt superficielle. Et lorsqu’elle est contredite, lorsqu’elle est poussée, sur un dossier, dans ses derniers retranchements, elle n’avouera jamais ni son ignorance ni son erreur. Alors, elle toise les gens et ça peut même vire à la morgue, à un certain mépris.  Elle peut présenter un pensum insipide mais  l’agressivité de ses réponses fait souvent l’affaire»  
Un libéral qui la connaît bien ajoute: « Pour comprendre Marie-Christine, il faut se mettre en tête que si c’est une femme très intelligente c’est paradoxalement, une têtue. Mieux: une entêtée, qui a extrêmement peu le sens de la remise en question »

Oui, nous confie-t-on dans la cité scaldienne, « elle peut aller jusqu'à tripatouiller les dossiers pour finir par l’emporter. »
Bref, retient-on, Marie-Christine l’ambigue veut imposer son point de vue à tout prix, même quitte à être côté de ses pompes.
On ne sursaute donc plus de l’entendre arpenter les boules de gomme et reprocher à l’Ecolo Jean-Marc Nollet de « ne pas avoir assez développé l’électricité verte », ce qui est un argument pour le moins curieux au souvenir des grandes envolées du MR contre le grand éolien ou le photovoltaïque au Parlement wallon.
S’étonne-t-on de ce curieux trait de communication un chouia méprisant qui la pousse, au Grand Oral Le Soir-RTBF, à confesser qu’elle surnomme  l’Ecolo Nollet « Doel 1 » et le Groen Kristof Calvo « Doel2 »?  Rien de neuf sous le soleil, vous confesse-t-on à Tournai : l’échevin cdh Michel Leclerc a dû subir en son temps bien des jeux de mots potaches, genre « le clair obscur » ou le « clair voyant… ».
Même l’actuel bourgmestre ff de Tournai, Paul-Olivier Delannois, s’est vu traiter un jour, en pleine réunion, d’ « intellectuellement limité ». Pas très classe. « Limite vulgaire » s’exclame un élu social-chrétien.

Dissidence au MR


Dans le fond, Marie-Christine Marghem c’est l’histoire d’une ambition forcenée. « Elle s’assiérait sur la tête de tout le monde », nous lance-t-on avec l’accent de la région. « Aujourd’hui, il n’y a plus de MR à Tournai: c’est juste le parti de Marie-Christine Marghem ». Dont la personnalité, nous rappelle-t-on, a été jusqu’à provoquer une dissidence chez les libéraux aux élections communales de 2012. Une liste dissidente (Tournai plus), composée plutôt de « vrais libéraux sociaux à l’ancienne » (dont l’ancienne sénatrice  Marie-Hélène Crombé-Berton)  a fait trois sièges contre celle qu’ils affublaient à l’époque (chacun son tour) des doux surnoms de « Cruella » ou de « Femme Araignée ». C’est dire l’ambiance et les cotillons.
« Il est loin, confie un libéral nostalgique, le temps d’Arnaud Decléty, cet ancien ministre wallon de l’Économie, de l’Emploi et des Classes moyenne qui ne cachait pas son appartenance à la franc-maçonnerie ».
D’abord élue conseillère communale PSC en 1994, celle qui affirme sa sympathie pour les mouvements anti-interruption de grossesse (« Je suis pour le droit à la vie » a-t-elle encore précisé récemment, en prenant quelque distance avec les mouvements très conservateurs qu’elle appuyait jadis), vire habilement au MCC de Gerard Deprez, lorsque celui-ci plaide le rapprochement avec les libéraux. Deprez, en bon politologue, capte illico tout le potentiel électoral de la pétulante tournaisienne, laquelle additionnera effectivement les bons succès électoraux, soutenue par toute une jeune garde libérale se positionnant assez à droite.

Le poids du MCC

Résultat: au sein du mini-parti de Gerard Deprez, (73 ans, réélu miraculeusement grâce à la Vierge de Jalhay lors des élections européenne de 2014), Marie-Christine Marghem justifie quasi à elle seule l’existence de cette composante presque anachronique du MR. D’autant plus que la comtesse Nathalie de T' Serclaes de Wommersom, ex-sénatrice, a pris sa retraite. C’est par ce biais du MCC que Marie-Christine Marghem est ainsi devenue ministre, au détriment de Jean-Luc Crucke, MR de tradition.
C’est tout le paradoxe de notre enquête à Tournai: voici une personnalité pour le moins controversée dans tous les partis, y compris le sien et dont nos interlocuteurs n’entendent d’ailleurs parler que sous le sceau de la confidence. (Marie-Christine aurait la dent dure et la rancune tenace)Mais qui, pourtant, collectionne les votes de préférence dans la population.
7.911 voix au communales tournaisiennes de 2012 et un peu moins, soit 6.179 votes dans le canton de Tournai aux fédérales de mai 2014. Joli. Dans tous les partis, l’attitude du jevousaicompris et l’appareil à caresser le cervelet, ça fonctionne.
« C’est l’inverse de mes valeurs, de ma conception politique, s’indigne un ancien conseiller communal. Tout respect a disparu. Vous savez, Marie-Christine c’est une enjôleuse qui sait surtout utiliser son pouvoir de séduction. C’est la grande parade avec pas mal de populisme, sinon de démagogie, notamment en matière de sécurité. Capable d’incohérences incroyables juste pour complaire aux électeurs. Son grand rêve, c’est d’accéder un jour au maïorat: mais elle n’aura aucun vrai projet »

Un ministre technicien

L’autre jour, Gérard Depardieu y allait, dans Vanity Fair, de quelques propos existentialistes. "J'ai tout vécu. Cela, il n'y a pas beaucoup de gens qui peuvent le dire, je peux mourir à présent. »
Ce qui est certain, c’est qu’il ne mourra pas à Tournai, là ou Marie-Christine Marghem l’avait pris en main,  après l’avoir quasi kidnappé  au bourgmestre de Néchin, Daniel Senesael (qui, à l’heure ou l’ONEM poursuit les chômeurs cohabitants, en avait fait un Citoyen d’honneur pour y avoir établi un domicile évidemment fictif).
Il n’y aura jamais de « bar à vin » Depardieu à Tournai:  du moins on l’attend toujours désespérément. Mais cela aura juste permis à Marie-Christine Marghem d’appliquer sa méthode de com’: créer l’événement. Jusqu’à un soir faire blablatusier à l’acteur, un peu beurré, un avis-vidéo sur le devenir du Pont des Trous. (référendum populaire en vue) Comme par hasard itou celui de Marghem.

Pour l’heure le bilan de Marie-Christine Marghem au département de l’Energie est, disons, un brin confus. A sa décharge, un seul élément: l’erreur de casting. Elle rêvait de devenir ministre de la Justice, ce qui lui eût assurément mieux convenu. Las, elle hérita de l’Energie. Sans rien y connaître. D’où cette bonne question: un pays en crise énergétique grave comme la Belgique pouvait-il encore se permettre de désigner comme ministre quelqu’un qui doit tout apprendre d’un secteur complexe et d’une importance cruciale? Et qui, forcément,  ne peut développer de grande vision. Pour nombre d’experts, c’est le type même de département ou un ministre-technicien s’imposait pour éviter tout cet amateurisme.
Bon, Marie-Christine Marghem a l’art de rebondir. D’ici là, on ne peut que lui conseiller de revoir un excellent film de Gérard Depardieu: « Préparez vos mouchoirs »


Michel HENRION

jeudi 4 juin 2015

Le grand virage socio-éco de la N-VA pour muer en CSU flamande (MBelgiqueHebdo du 15/5/15)

Le marketing politique de la N-VA ne manque pas de doigté. Mine de rien, les deux doigts très nationalistes du “V” (le fameux serment de Jan Jambon et consorts devant le roi Philippe) se sont effacés, se sont noyés dans les cinq doigts de la main de la bien plus conformiste métacampagne #Helfie à un million d’€. (“Tout le monde donne un coup de main pour remettre le pays –oui, le pays…- en mouvement”)
C’est que la mue de la N-VA est en route. Ambition encore voilée: faire du parti une version flamande de la CDU allemande, ou plutôt de la CSU, le parti hyper-dominant en Bavière. Qui règne sans partage depuis près de 60 ans sur l'un des länder les plus riches d’Allemagne avec un des taux de chômage les plus bas.
La CSU de centre-droit y domine largement la politique régionale. A chaque élection, c’est le parti qui réunit le plus grand nombre de voix avec des résultats oscillant entre 62% des électeurs et 42,9%. (lorsque les résultats, comme en 2009, sont alors jugés catastrophiques).
Personnage-clé de cette saga: feu Franz Josef Strauß, surnommé le “Taureau de Bavière”, célèbre, pour son charisme et son éloquence, figure tutélaire et incontournable du parti dominant dont il était perçu comme le principal idéologue. Ca ne vous évoque rien?
C’est en tout cas un paysage politique dont Bart De Wever connait tous les tenants et aboutissants, lui qui affectionne de passer ses vacances sur la route allemande des Alpes et de s’y faire (jadis) photographier en “Lederhose”, la culotte de cuir de cerf traditionnelle.
De Wever est un stratège, un joueur d’échec patient. Avec des objectifs à court-terme (ses déclarations sur la collaboration avaient comme premier but de se garantir  le “vote juif” à Anvers aux communales de 2018, dont le résultat est un enjeu essentiel) et d’autres à long terme:  à savoir positionner la N-VA davantage au centre et devenir le grand parti incontournable de la Communauté flamande. Celui qui s’assurera le pouvoir pour très longtemps.
Et ce en défendant fortement les intérêts de sa région sans pour autant mettre vraiment en cause la Fédération belche. Bref, ce qu’aurait pu être un “CVP/CD&V moderne” s’il ne s’était égaré. Le gouvernement flamand de Geert Bourgeois est d’ailleurs bien plus qu'un gouvernement: c'est un projet, la matérialisation d'une vision de société libérale. A preuve, le moral actuel de l’OpenVLD, qui nage d’évidence dans le bonheur, tant à la Région flamande qu’au fédéral.

Le nouveau virage de Bracke

Il faut toujours prêter attention aux déclarations des “missi dominici” du président de la N-VA. C’est le président de la Chambre, Siegfried Bracke, qui avait déjà signalé le premier virage (“bocht van Bracke”) de la N-VA l’an dernier, lorsque rares étaient les observateurs à pouvoir imaginer que le parti nationaliste laisserait ainsi tomber le communautaire pour former un gouvernement socio-économique.
Donc, lorsque le même Bracke y va, l’autre jour, dans une interview à Knack, d’une autre petite phrase-choc (“Un nationaliste flamand peut avoir des rêves: cela ne veut pas dire qu’il doit ignorer son intelligence”) il y a de quoi avoir plus que la puce à l’oreille.
Pour la N-VA, le socio-économique, la “bonne gouvernance” à la flamande, relèguent doucettement le nationalisme, le confédéralisme au rang de positionnement quasi philosophique. C’est toujours l’objectif mais disons, euh, qu’on ne le poursuit plus de manière aussi militante.
Bart De Wever ne s’intéresse pas qu’à la Bavière. Un autre de ses centres d’intérêt est la stratégie de David Cameron, le Premier Ministre conservateur britannique, à qui il a déjà emprunté nombre d’éléments de langage (régulation de l’immigration, danger du terrorisme salafiste, rejet de la dépénalisation des drogues douces, etc). Et la récente réussite électorale de Cameron influence assurément déjà la N-VA.
Et on prendrait bien le pari que, d’ici les prochains scrutins (les communales de 2018, de par leur proximité de date avec les législatives de 2019, seront déjà très fédérales) la N-VA se la jouera comme Cameron.  On se focalisera sur le socio-économique, sur la “bonne gouvernance” au pouvoir, sans oublier de faire peur. Le message de David Cameron aux électeurs britanniques était on ne peut plus clair: “Gare aux socialistes du Labour. On a reconstruit tout ce qu’ils avaient détruit. Ne les laissez pas détruire à nouveau notre économie: on gouverne mieux qu’eux”.
C’est déjà le message martelé gratti-grattou par les leaders N-VA: regardez chers électeurs flamands, De Wever a chassé les socialistes à Anvers, au niveau flamand et au fédéral. Et ouvrez les yeux: vous voyez, la N-VA sait gouverner la Belgique, ce n'est nullement un danger pour le pays, ce n’est pas le grrrand méchant loup qui veut tout souffler et tout balayer. Au contraire, il a  juste grand faim de nominations dans l’appareil de l’Etat belge.
Certes, les élections de 2019, c’est très loin: c’est même dans une éternité. Certes, cette coalition est toujours à la merci d’un dossier imprévu, d’une polémique communautaire inattendue. Ou alors d’une catastrophe de bonne gouvernance marquant grave l’opinion publique: comme une multiplication des délestages électriques et autre black-outs en cas d’hiver très froid. 


“5 more years”

Il n’empêche que la campagne #Helfie pourrait bien évoluer un jour, dans le chef de la N-VA, vers une campagne à l’américaine dont le slogan serait: “5 more years”.
Si la conjoncture économique (prix du pétrole, cours de l’€uro, taux d’intérêts, inflation basse) confortait une croissance économique, si le #taxshift réussit et allège vraiment l’impôt, si l’épineux dossier des pensions est bouclé (surveillons bien le dossier de la pension des policiers, un vrai test pour les métiers lourds) la N-VA pourrait faire à nouveau le cadeau au MR de continuer à mettre le communautaire en veilleuse. Pour rendre une #Suédoise bis plus probable et éviter tout hypothétique rapprochement libéraux-socialistes au Sud.
Puisque la N-VA n’a aucune garantie, ni quant à son objectif confédéraliste, ni surtout quant à la majorité des deux tiers que cela postulerait, le nationalisme de la N-VA pourrait s’avérer moins actif. Un parti moins conquérant mais, comme la CSU bavaroise, défendant fortement sa communauté.
C’est là quelque chose que De Wever peut se permettre: il sait pertinemment que son électorat vote désormais bien davantage N-VA pour des motifs socio-économiques que pour l’indépendance rêvée de la Flandre.
Rue Royale, on tire les leçons de la réussite de David Cameron: si la #Suédoise affiche des résultats qui plaisent au Nord, le “peuple flamand” voudra qu’on joue les prolongations. Et ce serait même alors quasi contre-productif d’agiter du communautaire si la #Suédoise affiche un bon bilan pour son électorat socio-éco.
Que la N-VA compte d’ailleurs bien élargir encore, toujours dans une stratégie de “type CSU”. En pompant des voix tant au CD&V qu’à l’OpenVLD.
Mine de rien, on note que la N-VA se permet d’ailleurs des démarches qu’on imagine plus généralement portées par des partis positionnés moins à droite: c’est le ministre N-VA des Finances Van Overtveldt qui parle de réviser le revenu cadastral, c’est Ben Weyts qui se fait l’apôtre, à la Région flamande, d’une taxation de tous les véhicules au kilomètre…
Objectif de tout cela: se donner une image plus centriste. Tout comme celle du CVP à l’heure de sa grande époque ni-gauche-ni-droite, mais servant avant tout les intérêts de la Flandre.

Le Belang n’est pas mort

Y aura-t-il en 2019 des déçus de la N-VA? Assurément. Parce que pour certains, il n’aura  pas été assez à droite au plan socio-éco; parce que, pour d’autres, il n’y aura pas eu d’avancée communautaire; parce que d’autres encore croient –bourdes de Jan Jambon aidant- que  la N-VA ne visait finalement que le pouvoir et serait donc “traître à la cause flamande”… “ Pour l’heure, il se dit que Bart De Wever n’est pas mécontent du léger ressac de son parti dans des sondages de plus en plus aléatoires (vu notamment le nombre d’indécis): il s’attendait à pire.
De Wever sait pertinemment qu’il risque de perdre une partie de ses durs. Le Belang n’est pas mort. Et les radicaux les plus flamingants y retourneront d’autant plus aisément que le nouveau président du Belang est moins sulfureux qu’un Filip Dewinter.
Pas vraiment un souci pour le président de la N-VA: nul ne conteste ni ne contestera la nouvelle ligne CDU qu’il entend donner au parti: tous ses ténors sont d’ailleurs au pouvoir quelque part. Et s’y plaisent, sinon s’y complaisent.

Le CD&V rentre dans le rang

La #Suédoise reste une coalition difficile mais, pour la première fois depuis sa formation, elle semble avoir trouvé un rythme. Soudain, les conflits épiques -les émeutes” disaient certains- entre partis flamands n’apparaissent plus, du moins au grand jour. Comme s’il y avait un armistice de la dispute.
Comme si le CD&V, bien que l’ego de Kris Peeters reste d’évidence fragile, venait de trouver sa place au sein du gouvernement.  Certes, les sociaux-chrétiens continueront leur marketing de “visage social” du gouvernement, certes on peut s’attendre à quelques déclarations un brin matamoresques lors des discussions sur le #taxshift mais le CD&V rentre d’évidence dans le rang. Comme son chef de groupe à la Chambre, Servais Verhertstraeten, l’ami des diamantaires anversois, l’a dit: le CD&V n’est pas à l’aise dans ce gouvernement, mais il est aussi fatigué du PS, jugé “mauvais perdant” et se positionnant trop à gauche aux yeux d’aujourd’hui des sociaux-chrétiens du Nord. 

Mais le CD&V –on vient encore de le voir avec son spectaculaire revirement d’abandon d’un saut d’index pour les loyers- tient tant de rôles successifs que nul ne sait quels costumes il endossera encore d’ici 2019.


Michel HENRION.



mardi 26 mai 2015

Quel taux de loyauté fédérale dans les chiffres des politiques? (MBelgiqueHebdo du 8/5/2015)

Lorsqu’un slogan commercial proclame “0% de matière grasse”, c’est devenu un grand classique: les associations de consommateurs, labos et experts à l’appui, se font un devoir de vérifier quelle est la réalité derrière les chiffres publicitairement proclamés.
Le phénomène gagne de plus en plus la vie politique. Parce que, mine de rien, les chiffres, les statistiques, ont de plus en plus de pouvoir. Ce qui, à l’origine, se voulait collecte de “données objectives” au service de la décision politique, a pour le moins évolué, sinon dérapé. Souvent, la production de ces chiffres, de ces outils d’évaluation, fait plutôt passer des idéologies. Le monde politique, qu’il soit de droite, de gauche ou du centre,  affectionne de pouvoir choisir les chiffres qu’il décidera d’utiliser. Dans une époque ou les gouvernements se jugent aux résultats, les indicateurs de performance sont devenus une arme de guerre politique. Certains experts poussent même le bouchon plus loin: à les en croire, ce sont les ordinateurs d’Etat qui prennent souvent nombre de décisions de politiques publiques et sociales, surtout en période de récession économique.
Ce n’est pas pour rien si, lors de la dernière campagne électorale  de 2014, la tendance au “factchecking” a explosé, médias et universités s’alliant soudain pour démonter les chiffres des promesses électorales des partis. A l’époque, les chiffres, pour le moins flous et artistiques, de la réforme fiscale du MR, en avaient été ainsi pour le moins secoués… Pourtant ces partis, les pouvoirs politiques n’aiment pas trop que les électeurs malins, les citoyens trop curieux, bref la société civile, se mettent à relativiser, à critiquer leurs  chiffres.  Ils préfèrent que la force de l’énoncé de ceux-ci laisse les gens pantois. La belle intention, inspirée de ce qui se passe aux Pays-Bas, selon laquelle le Bureau du Plan pourrait analyser et chiffrer les coûts des programmes électoraux de 2019 se réalisera-t-elle? On fait plus qu’en douter: nul n’en pipe plus mot déjà.

La légende du fonctionnaire du grand secret

L’actualité politique belge récente est d’ailleurs une formidable démonstration du pouvoir des chiffres et de leur utilisation politique. Ici, ce n’est pas le pourcentage de matière grasse qu’il s’agissait de tester mais bien la teneur en loyauté fédérale, mot valise s’il en est. Qui renferme tous ces autres termes tant agités ces derniers temps: respect, transparence, loyauté.
C’est une des légendes urbaines de la médiapolitique en Belgique: ah, tous ces gens qui vous chuchotent, si, si, qu’il n’y aurait que une ou deux personnes dans ce pays à détenir une mystérieuse clé secrète de compréhension, à pouvoir s’y retrouver dans les méandres de la Loi de financement née de la 6ème Réforme de l’Etat.
Bidon. Fable. Billevesée. La fameuse loi de financement, concoctée par huit partis, est plutôt, quoi qu’on en dise, forcément un brin ardue mais assez claire.
Un des problèmes de fond, c’est que l’opacité délibérée est souvent le fonctionnement ordinaire des administrations.
Connaissez vous Mme Spinnoy, Mr Dhondt ou Mr  Valenduc? Vous n’avez sans doute jamais lu ni entendu leurs noms, mais dans le petit monde politique qui se passionne, sinon se déchire, sur la question- il est vrai totalement essentielle- de la part des recettes de l’impôt des personnes physiques qui doit revenir aux Régions, ces deux fonctionnaires du Ministères des Finances sont des notoriétés.
Pour le moins controversées ces temps-ci. Parce que cela fait des temps immémoriaux que ces quelques fonctionnaires aussi discrets que spécialisés gèrent les dotations aux régions, leurs simulateurs informatiques à résultats soudainement variables. Et ce en total petit monopole, dans le secret de leurs gris bureaux du SPF Finances. C’est leur “chose”, leurs algorithmes. Leur terrain de jeu statistique presque perso.
C’est surtout une mauvaise gestion des Ressources humaines au sein de l’administration des Finances. Celle du genre qui entraîne confusion, opacité et jusqu’à, soudain, une crise politique majeure entre et Régions et Gouvernement fédéral. Qui, pour boucler son ajustement budgétaire, a saisi assurément une opportunité: mais qui n’a certes pas ourdi non plus un grand complot ténébreux.

30% des ressources, ça se discute

On ne va pas assommer ici les lecteurs sous les explications techniques (ah, cette nouveauté de vocabulaire qu’est “l’Impôt-Etat”). En gros, les Régions ont été subitement prévenues qu’elles recevraient 750 mio d’€ de moins que prévus (pour la Wallonie, une tuile de 248 mio€). Stupeur et tremblements, la Flandre n’étant d’ailleurs pas la dernière à s’égosiller.
Déclarations au vitriol en tous sens, arrogances diverses, phénomènes de tête de mule, jeux politiques en tous sens pour en arriver à une conclusion apaisée évidente.
A savoir qu’aucun gouvernement régional de ce pays ne saurait accepter que, pour quelque 30% de ses ressources, le niveau fédéral lui dise: “ Voilà, c’est comme ça.  Et ne comptez pas sur moi pour vous expliquer comment j’arrive à ce résultat. C’est à prendre sans discussion”.
Avec des conséquences pour le gestion budgétaire des Régions mais aussi, élément moins souligné, des communes. Bref, ce problème est essentiel pour les Régions, 30% des recettes régionales dépendant désormais de l’Impôt des Personnes Physiques prélevé par le fédéral. (les flamands, forts d’une administration fiscale en croissance, envisagent de collecter un jour directement cette part de l’IPP, histoire d’éviter ainsi toute interférence du fédéral)
C’est ce qui explique que, peu à peu, bon gré mal gré, le SPF Finances a dû se mettre à s’expliquer, son ministre N-VA des Finances, Johan Van Overtveldt, se montrant lui-même ouvert, en bon nationaliste flamand, aux éclaircissements. Conséquence: le SPF Finances vient, enfin, d’accoucher d’une longue note explicitant son approche, sinon sa méthodologie. Et le boss du SPF Finances a dû affronter un solide feu de questions au Parlement Wallon. Qui, s’il a compris que les montants récupérera en 2018 (lorsqu’on régularisera légalement les comptes) seront assez faibles-195 mio seraient perdus-, a aussi capté que les chiffres du SPF Finances sont toujours flous et ce pour pas moins de 1,8 milliard. Une fameuse inconnue. Un sérieux “gap” nébuleux à éclaircir.
C’est que le SPF Finances adore jouer avec les simulateurs informatiques, et en modifier d’initiative les données. Au moment de voter la Loi de Financement dans la cadre de la 6ème Réforme de l’Etat, en 2013, on avait tout bien calculé. Mais, hop, voici que l’administration modifie la méthodologie, bricole le moteur, c’est à dire  les paramètres macroéconomiques de croissance et d’inflation. Bref, une année considérée comme dûment clôturée est soudain réévaluée à la baisse.Avec des chiffres subitement différents.
Mieux: tantôt les ordinateurs des Finances travaillent sur un échantillon de 343.000 déclarations (par sécurité); tantôt cet échantillon est soudain ramené à 30.000 contribuables.
Bob, bof: rien n’est encore à ce jour totalement clarifié. Et l’administration des Finances n’est pas forcément à l’aise dans tous ses petits souliers. Et on attend désormais que le N-VA Johan Van Overtveldt sorte enfin cet Arrêté Royal qui n’en vient pas, dont une première mouture floue a déjà été recalée par les trois Régions, faute de formule méthodologique, de calcul et d’estimation. Bref, il manque le mode d’emploi.

Une crise tous les six mois?

Certes, tout cela finira par s’arranger. A tout le moins en 2018 lorsqu’on mettra, comme prévu par la loi, les choses à plat.
Le hic, c’est que d’ici là, on risque de se heurter dans cesse aux mêmes résultats aléatoires, ferments d’une vraie crise institutionnelle si des telles difficultés se reproduisaient en 2016 ou en 2017. Personne ne peut se permettre, dans le monde politique, d’avoir tous les six mois un débat aussi agité, aussi dangereux pour le pays.
Le MR Georges-Louis Bouchez a eu raison, au Parlement wallon, de s’inquiéter ainsi de la nécessité pour la Région Wallone de disposer de son propre appareil de prévision, notamment pour une recette aussi importante que l’IPP.
Mais, comme l’a souligné le Conseil wallon de la Fiscalité (à l’unanimité), cela postule de disposer des données, de la méthodologie, d’avoir un droit d’accès des Régions qui porte sur la méthode, l’application de la méthode, mais aussi sur le modèle de simulation macro-économique. Olé.
Bref, ça demande de la transparence. Totale.

Réussir un #taxshift sans les Régions?

Quand on vous le disait que les chiffres ne sont pas une fin en soi mais impliquent bien des décisions sur l’action publique et donc sur notre vie.
Tenez, prenons le grand dossier politique du moment: le TaxShift, cette réforme fiscale d’un minimum de cinq milliards voire bien plus, visant à réduire la fiscalité sur le travail … Un enjeu difficile: chacun sort déjà ses propres vétos, plus ou moins idéologiques et les lobbies sont déjà sur pied de guerre.
Les Régions seront-elles associées à cette réforme fiscale? Pour d’aucuns, comme l’OpenVLD Gwendolyn Rutten, c’est impensable de ramener ainsi les socialistes autour d’une table, rue de la Loi.
D’autres ont une vision pour le moins différente: le Ministre-Président flamand N-VA souhaite fermement être à la table. Le N-VA Geert Bourgeois trouve qu'il se doit d’y être et juge habile d’y impliquer les socialistes via la Région Wallonne et la Région bruxelloise.  Raisonnement: le PS ne pourra plus se permettre d’attaquer le tax shift s’il est ainsi associé à sa confection…. Et le PS serait entraîné, mine de rien, dans une certaine logique “confédérale” si chère à la N-VA.
Se passer des Régions autour de la table apparaît effectivement aléatoire à nombre d’observateurs même si, légalement, ce serait dans la norme.
Les Régions n’ont pas à intervenir dans la base de l’IPP mais si la #Suédoise décidait , outre la TVA et les accises, de jouer sur la fiscalité mobilière, il est clair que cela pourrait, une nouvelle fois, impacter très directement le budget des trois Régions.
Et on agiterait alors assurément à nouveau l’oriflamme médiapolitique du “manque de loyauté fédérale”.
A son origine le mot “statista” (d’où a découlé le terme “statistique”) signifiait “homme d’Etat”. Il serait opportun, en ces temps troublés, que nos politiques s’en souviennent.

Michel HENRION

lundi 4 mai 2015

Energie: la vengeance du renouvelable (MBelgique Hebdo du 24/04/2015)

 
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Branchons tout de go la prise et démarrons illico cet article par un bon gros électrochoc. A savoir que la Belgique a toutes les chances de connaître encore longtemps un grand  boxon, un big désordre énergétique. Et à vivre encore et toujours dans un  curieux système vaseux-thermo-basculaire-à-commotivité-très- aléatoire…
Celui, trève de plaisanterie, ou il faut impérativement pouvoir importer de l’électricité si nos voisins y consentent encore.

La batterie de Tesla: la révolution du stockage de l'électricité.
Celui ou l’on redoute que le prochain hiver, s’il s’avérait cette fois vraiment glagla, ne vous déleste l’électricité plusieurs fois plusieurs heures. (avancée de consolation: si tout va bien, l’hiver prochain, le GSM resterait cette fois opérationnel)

Ce système ou rares se sont aperçus que la menace de “black out” était en fait déjà une mutation dans un monde ou aucune décision ne va guère plus loin que la durée de vie d’une coalition. Ou l’une promet poliment, juré, craché, oui, oui, d’étaler la sortie du nucléaire dès lors qu’une centrale fêtera ses 40 bougies d’usure. Mais ou une autre, nouvellement installée, gomme tout et prolonge à rallonges. Comme les centrales de Doel 1 et Doel 2 qui devaient agoniser en cette année 2015 mais devraient encore jouer les pimpantes prépensionnées jusqu’en 2025; pour autant qu’on trouve quelqu’un pour financer la cure de jouvence du béton et autres soudures. Et si l’inspection prévue fin d’année n’y trouve pas de mauvaise surprise.



Fissures: trancher un vide scientifique



Ce même système, non sans risques, ou l’on réouvre des centrales (Tihange 2 et Doel 3) avant de les refermer d’urgence vu quelques “défauts superficiels”, genre des fissures (“flakes”) jusqu’à… 18 cm. Pays surréaliste ou la ministre fédérale de l’Energie, juriste de formation, agite on ne peut plus sérieusement à la télé, devant Pascal Vrebos, une feuille de papier A4 pour expliquer en substance “qu’avec une gentille fissure horizontale plutôt qu’une meûchante fissure verticale” tout va finalement bien dans les cuves de réacteurs, dormez tranquille les petits.

Ce pays ou les tests confidentiels succèdent sans cesse aux tests non publiés, ou alors avec moult réticences, et ou il reviendra finalement à l’ Agence de Contrôle Nucléaire -dont on espère que l’indépendance est vraiment assurée- d’oublier les énormes enjeux financiers et de trancher un véritable vide scientifique: une cuve irradiée pendant des dizaines d’années et bourrée de microfissures est-elle oui ou non sûre?



Un Pacte Fédéral-Régions?



Soyons clairs: cette politique de gribouille est tout sauf neuve en Belgique. Les ministres successifs, tous partis confondus, n’y ont souvent eu pour seule vision que la budgétaire “rente nucléaire” d’Electrabel.

Donc, à première vue,  lorsque la ministre fédérale Marie-Christine Marghem (MCC/MR) a annoncé l’autre jour qu’elle avait fait approuver par le gouvernement un texte baptisé “Fondements pour une vision énergétique”, avec, en idée de fond, celle d’un de ces grands Pactes que l’histoire politique de Belgique affectionne tant, on s’est dit “Tiens, pourquoi pas?”.

Et Marghem d’avancer cinq thèmes à débattre avec les Régions: entendez le mix énergétique, l’amélioration de la gestion de la demande, le coût de la politique énergétique, la coopération internationale et la mobilité. Le tout devant, dans son esprit, être emballé-pesé d’ici la fin de l’année.

Sur papier, ça le fait. A première vue, c’est plutôt chouette un texte d’orientation dont la date de péremption dépasserait –enfin- une législature.

A seconde vue, c’est même plutôt une très bonne chose que de proposer un dialogue entre les Régions et le Fédéral sur le crucial dossier énergétique. C’est même inévitable pour l’efficacité, puisque la majorité des idées novatrices pour gérer mieux l’énergie (notamment les compteurs intelligents qui permettront aux clients de consommer aux heures les moins chères) dépendent des réseaux de distribution des Régions (le fédéral, lui, se doit de garantir la sécurité d’approvisionnement du pays).

C’est aussi politiquement assez bien vu de la finaude Marie-Christine Marghem: fidèle à son tempérament d’avocate et de juriste, qui cherche toujours à se protéger de tout les aléas, c’est opportun de se couvrir par l’aval des régions…



On oublie la société civile…





Bof, bof.  L’opposition écologiste a eu vite fait d’affirmer que la méthode de travail et les fameux “fondements” approuvés par le gouvernement Michel ouvraient déjà, à son gré,  par trop la porte au nucléaire. Et faisaient du Pacte -à imaginer que le gouvernement fédéral et  les régions s’embrassent soudain davantage folleville que dans la répartition budgétaire découlant de la dernière réforme de l’Etat- une pure “affaire de seuls gouvernements”.

“La société civile –les ONG, les associations spécialisées, etc…- doivent avoir évidemment leur mot à dire”, s’écrie l’Ecolo Jean-Marc Nollet.  “La société civile n’a pas juste à traduire la vision des gouvernements: elle doit pouvoir aussi la remettre en question. Il n’y a pas que les gouvernements à savoir ce qui est bon. Surtout, ajoute-t-il, lorsque ça engage la société future et  les générations à venir”.

L’ex ministre de l’Energie de la région Wallonne le sait: ceux qui ont le pouvoir dans le secteur de l’énergie préfèrent généralement les décisions gentiment unilatérales au dialogue. Pour eux, l’opinion publique peut attendre. Longtemps.





Le nucléaire n’a plus la cote





Mais le premier gros hic pour le futur Pacte est symbolisé par une phrase de la MR Marie-Christine Marghem: “Le renouvelable, dit-elle, est à poursuivre pour une politique énergétique cohérente et ambitieuse”.

Oui, vous avez bien lu. Relisez là encore: c’est prudent, c’est style hirondelle-qui-revient-au-printemps mais voici donc une ministre MR qui, mine de rien, prononce une phrase presque sacrilège, donnant presque raison aux thèses de ces Ecolos à qui le photovoltaïque a fait perdre quasi la moitié de leurs voix aux élections de mai 2014…

C’est que le monde énergétique, en à peine un an, a encore formidablement évolué. Fast and Furious. Les faits sont clairs: non seulement le nucléaire n’a plus la cote et sa part de contribution ne cesse-t-elle de baisser dans le monde (aucune centrale n’a plus été construite aux USA depuis l’accident de Three Mile Island); non seulement la nouvelle génération de centrale (EPR) tourne-t-elle à la cata à Flamanville, dans la Manche (l’addition est déjà passée de 3,3 mia à largement plus de 10 mia) mais il se confirme aussi chaque jour que le nucléaire de la troisième génération est, surtout, horriblement coûteux par mégawatt produit.

Sa rentabilité est en berne: et devient carrément onéreuse par rapport aux coûts en chute du photovoltaïque et de l’éolien. Bref, le constat est que le renouvelable est devenu, très vite, tout sauf une énergie accessoire. 

Mais qui le sait en Belgique? Qui le dit?

Cette année, la majorité des investissements faits dans de nouvelles capacités de production électrique l’ont été dans le renouvelable  (voir http://www.extremetech.com/extreme/202579-global-investment-in-renewable-energy-skyrockets). Et plus personne n’exclut maintenant que, dans 15 ans, la majorité de notre électricité puisse être générée par des énergies renouvelables.



Le Graal: on peut stocker l’électricité



Nombre d’acteurs du secteur ne s’y trompent pas, eux. On ne parle pas ici des incroyables investissements chinois. A nos portes, Areva et EDF, en France, entendent devenir des leaders de l’énergie verte, de l’éolien, du solaire, de la bioénergie.

En Belgique ce n’est pas un hasard si Tecteo-Nethys a opportunément racheté les éoliennes off-shore de l’ostendaise Electrawinds.

Mieux: “on atteint désormais le Graal”, selon le joli mot de l’ex-ministre française Corinne Lepage.

Jusqu’à présent l’électricité ne se stockait pas: désormais on peut. Et ce grâce aux fulgurants progrès dans le secteur de pointe des batteries. Un secteur à soutenir par Charles Michel, selon la page 97 de l’accord de gouvernement.

Le professeur Damien Ernst (ULg), dans l’interview qu’il accordée à M…Belgique, définit clairement ce mariage –et c’est quasi pour demain. Et puis il y a cette mobilité électrique qui apparait et toutes ces technologies numériques qui permettent de bien gérer consommation et productions dispersées. C’est d’autres éléments qui jouent en faveur du renouvelable.



Les arroseurs arrosés



D’ou cette formidable question de politique belge: c’est bien joli le projet de “Pacte Energétique du gouvernement”, mais est-ce que nos élus ont encore à choisir, à décider de ce vers quoi convergera notre système énergétique?

Pour nombre d’experts, c’est tout simple: c’est plié. Et les dés sont d’ores et déjà jetés.

Et ce Pacte risque de n’être que du…vent momentané, qui sera vite oublié par la réalité. Il n’y a plus forcément d’avis à donner, ni de réflexion de fond à mener: il faut peut-être juste constater ce qui se passe. Quasi partout dans le monde.

Evidemment, on comprend que c’est un brin ennuyeux pour un monde politique qui, comme d’habitude,  n’a rien vu venir ces derniers mois..

C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé.

Pour les libéraux –qui ont littéralement adoré tacler électoralement les écologistes sur le dossier mal enmanché des “certificats verts” - et aussi les socialistes, prononcer aujourd’hui positivement le mot “photovoltaïque” est quasi de l’ordre de l’horreur, de l’hérésie, du film d’épouvante.

Et pourtant, ils y seront condamnés: il devront réapprendre à citer à nouveau ces mots bannis que sont “éolien” et “panneau solaire”…

Au Nord du pays, ce ne sera guère plus facile: si l’OpenVLD n’apprécie plus guère le nucléaire, la N-VA s’accroche, elle,  toujours: elle n’entend sortir du nucléaire qu’en…2065. Et cultive encore un projet mythique de centrale nucléaire de nouvelle génération qui serait d’un coût tellement déraisonnable que Bart De Wever devra se faire une raison. Sa centrale ne verra jamais le jour.



Des start-up à créer



Quant aux acteurs classiques du secteur belge de l’énergie, ils freineront à coup sûr en fonction de leurs intérêts, du maintien de leurs activités actuelles. Au plus la nouvelle destination énergétique se fera attendre, au plus cela fera leurs affaires.

Si le Pacte Energétique est vu, par contre, comme une trajectoire, s’il s’agit de déterminer les étapes pour passer par étapes au monde énergétique de demain, alors il pourrait se révéler positif.

Si chaque acteur du secteur s’efforce de maintenir ce qui l’arrange le mieux, si les partis ont trop peur du renouvelable pour-ne-pas-donner-une-revanche-à-Ecolo, si on n’accepte pas d’interroger la société civile, d’y faire contribuer les Parlements, le Pacte Energétique risque alors, au contraire, de ne pas ressembler à grand chose. Genre grand n’importe quoi mou, faute de consensus. Au détriment de toutes les start-up et autres PME que ce nouveau marché pourrait créer.



Lorsque, dans les années ’80, la machine à écrire a dû s’effacer soudain, en très très peu de temps, et céder la place à l’ordinateur, le gouvernement de l’époque ne s’en est évidemment pas mêlé. C’est, mine de rien, exactement la même situation aujourd’hui dans l’énergie.

Il ne suffit plus de changer le ruban de la machine à écrire pour tapoter un Pacte qui serait déjà désuet.



Michel HENRION



Interview

Damien Ernst (ULg): “ Si on se trompe, la bombe politique sera une forte hausse du prix de l’électricité”



-La ministre fédérale propose de développer toute une vision énergétique pour notre pays ? Les jeux sont-ils encore ouverts?



-Il y a, à mon avis, une ligne déjà inexorable: on convergera vers un monde où la toute grande majorité de notre énergie sera générée par des énergies renouvelables – principalement du photovoltaïque (PV) et de l’éolien - où l’on verra apparaître de plus en plus des dispositifs de stockage d’électricité et où des grandes interconnections seront amenées à se développer. On verra aussi de plus en plus de pompes à chaleur et  de véhicules électriques. Il reste encore juste quelques incertitudes sur la place qui sera donnée à l’hydrogène dans ce système énergétique et sur l’avenir de certaines parties des réseaux de distribution qui vont se faire concurrencer par des micro-réseaux.

Ce serait beaucoup plus simple de reconnaître honnêtement vers quelle destination nos systèmes énergétiques vont converger de manière inévitable. Et puis de travailler pour que le trajet vers cette destination se passe le mieux possible, au lieu de risquer de  « divaguer » sur un pacte énergétique qui n’apportera pas grand chose.  Et je peux vous donner une dizaine d’actions bien concrètes à prendre pour que ce trajet se passe le mieux possible pour l’ensemble de la société belge…



-Vous semblez bien être sûr de votre « destination ». Mais elle semble ne pas toujours plaire à tout le monde…



-De fait, peu d’acteurs du secteur de l’énergie au sens large sont vraiment heureux avec cette destination, car elle est diruptive par rapport à leur activité actuelle. C’est aussi pour cela que ce pacte énergétique risque de ne pas ressembler à grand chose. Ce sera plus un consensus entre les différents acteurs du secteur  qui vont développer une vision rassurante par rapport à la pérennité de leurs activités traditionnelles. Le risque est une négation du fait que toutes les ruptures technologiques que l’on observe -dans les énergies renouvelables, les véhicules électriques ou le stockage- vont tout changer à jamais! 



-Que des lobbies essaient d’influencer un gouvernement, ça  fait hélas partie des règles du jeu classiques en Belgique. Mais le Pacte Energétique, s’il aboutit, sera le résultat d’un long processus…

_ Ma réticence est que je ne suis pas vraiment sûr que le fédéral ait follement envie de communiquer sur la destination que prend notre système énergétique. Je m’explique. Pour le gouvernement fédéral, reconnaître la nature de cette destination équivaudrait à dire : « Ah zut, la vision proposée par Ecolo au cours de la législature précédente en terme énergétique (du PV, de l’éolien, du stockage, de l’autoconsommation, des véhicules électriques, des pompes à chaleur) est, quoi que l’on fasse, en train de se concrétiser. »  Vous voyez Marie Christine Marghem  dire aux gens: « Ecoutez, le PV c’est l’avenir ! » On se retrouve donc avec un gouvernement fédéral qui va avoir très difficile, politiquement, de discuter honnêtement de notre futur énergétique sans donner l’impression de se contredire.



-Finalement, ce Pacte Energétique ne va-t-il pas diluer quelque peu la vision énergétique que la #suédoise avait en début de législature ?



-Oui, sans doute. Il permet aussi de diluer la responsabilité de la prise de décision en matière énergétique sur beaucoup d’acteurs.  Et cela donne aussi l’impression aux citoyens que l’on fait enfin quelque chose dans ce domaine! Moi, je redoute un peu une négation de la réalité: car à force de ne pas reconnaitre  cette dernière, et donc ne pas agir en fonction, on risque vraiment une bombe politique. Et ce pour les différents ministres qui prendront en charge l’énergie. Par exemple, sans des changements drastiques dans la régulation du secteur de l’électricité, les politiques risquent bel et bien de se retrouver avec sur les bras un autre dossier du type “certificats verts” qui a tant empoisonné l’ancien  gouvernement wallon…





-C’est à dire? Une facture en  hausse pour le citoyen?



- Oui. Le système des certificats verts s’est finalement emballé de par une régulation incapable d’évoluer assez vite par rapport à la dynamique avec laquelle le photovoltaïque se développait. Or, à l’heure actuelle, à régulation constante, le photovoltaïque et les batteries- dont les prix n’arrêtent pas de diminuer- vont se développer énormément, même sans subsides. Cela peut mettre les réseaux électriques - qui participent quand même au financement des communes belges - dans de grandes difficultés financières. Cela va aussi conduire, à mon avis dans moins de cinq ans, à une augmentation du prix de l’électricité  très significative. Et le problème c’est qu’il faut agir maintenant, pas en fin de législature, surtout vu le fait que changer la régulation est un mécanisme très lent…



-Vous n’êtes pas un peu trop pessimiste là ? Vous proposeriez quoi comme changement de régulation ?



-Non, je ne crois pas, d’autant plus que je ne vois même pas trop comment il est possible – politiquement en tous les cas – de faire évoluer cette régulation pour éviter cette crise annoncée.  Hypothèse personnelle: peut-être que pour ce problème la solution n’est pas dans un changement de régulation mais bien dans un développement de la filière des véhicules électriques. Cela permettrait d’augmenter la quantité d’énergie électrique transitée par les réseaux électriques et donc de distribuer leurs énormes coûts fixes sur plus de kilowatt heures, et donc de rendre l’électricité moins chère. Mais bon, alors, ce seront les pompistes qui ne seront pas contents. On voit bien qu’avec toutes ces ruptures technologiques dans le secteur de l’énergie, il n’y aura pas toujours que des gagnants…



(propos recueillis par Michel Henrion)






samedi 25 avril 2015

Cette spécificité bien belge: le ravalement de façade politique (chronique pour M...Belgique Hebdo du 05/04/15)



 En Belgique, les Nic-Nacs, ces petits biscuits secs en forme  d’alphabet, ont, outre les enfants, deux clientèles assez portées à jouer avec les lettres: les banquiers et les responsables de partis politiques.
Les premiers parce qu’il s’agissait évidemment, en changeant les logos des agences, de faire oublier la crise bancaire. Les seconds, parce qu’ils s’imaginent régulièrement que rebaptiser leur formation politique  donnera forcément un nouveau souffle à celle-ci.
Comme les Nic-Nacs, c’est vraiment là une spécialité très belge. Que nos politiques ne partagent qu’avec la France, recordman du genre, dans une curieuse exception politico-culturelle. Si l’on met à part le cas plus spécifique de l’Italie -ou la corruption fit s’effondrer tout le paysage politique - rares sont les pays où l’on change presque de sigle comme Elio Di Rupo de chemise le 21 juillet.
En Andalousie, lors des élections-test pour les futures législatives ibériques, c’est toujours un “Parti Socialiste Ouvrier” qui vient de l’emporter. Et ce sous sa très vieille appellation qui n’émeut d’évidence aucun andalou. En Allemagne, les sociaux-démocrates du SPD vivent avec la même étiquette depuis 1890. Et ne parlons pas des Etats-Unis ou ni le Parti Démocrate (1824) ni le Républicain (1854) ne penseraient un instant à toucher à leur appellation.

Pourquoi le FDF veut se rebaptiser “libéral social”


Tiens, vous souvenez-vous ainsi du PPW, le Parti Pour la Wallonie? Pas étonnant: ce parti éphémère ne fut qu’à usage unique, pour un seul scrutin de 1991, à l’époque ou Olivier Maingain souhaitait que le FDF-PPW devienne le “parti québécois” de la Communauté française, histoire de renforcer son identité francophone. Avec pour ambition – curieusement redevenue d’actualité vingt ans plus tard- de “soumettre les autres partis à des tests de sincérité francophone”.
On rappelle la suite: un an plus tard, en 1993, le FDF (dont l’ADN implique qu’il ait toujours, depuis la disparition de feu le Rassemblement Wallon,  un pendant/allié au Sud du pays) construit la Fédération PRL-FDF, rejointe en 1998 par une mini-dissidence du PSC, le MCC. Résultat: en 2002, la fédération PRL-FDF-MCC prend le nom de Mouvement Réformateur, en bref, le MR.
Un sigle à forte identité qui vaut déjà la peine de s’y attarder en analyse médiapolitique:
-Tout comme Charles de Gaulle, on préfèra à l’époque éviter le mot “parti” et opter pour le mot “Mouvement”, moins rebutant.
-On se limitait à deux lettres, histoire d’affronter de front celles du PS.
-On abandonnait, dans la dénomination, le mot “libéral”, dont l’image était jugée ternie par les dérives de la mondialisation…
Retournement politique: en 2011, le FDF claque la porte du MR estimant déjà “que les capitulent devant les exigences flamandes”. (libéraux (car l’usage du terme “libéral” s’est maintenu, on ne parle qu’occasionnellement de “réformateurs”)
Et voici qu’Olivier Maingain aujourd’hui fort de sa enième réelection se dit enclin, pour “mieux traduire l’évolution socio-économique de son parti”, à changer l’appellation FDF à travers un nouveau sigle. Pour y greffer le mot “libéral” et l’idée du “libéralisme social”, abandonnée, selon Maingain, depuis que Charles Michel s’est allié avec la N-VA.
L’objectif stratégique est évident: l’électeur aurait ainsi le choix, surtout à Bruxelles (14,8% des voix au FDF, 23,04% au MR), entre deux partis se revendiquant du libéralisme.
Et des libéraux qui s’inquiètent des “dérives” de l’alliance avec Bart De Wever pourraient enfin donner un peu de poids au FDF wallon. (2,53% en Wallonie au scrutin 2014)
On vous parle de ça, car c’est un cas d’école: celui ou on entend adapter le nom du parti à l’évolution d’une ligne politique. Ici d’un parti qui, BHV aidant, met désormais plutôt l’accent sur ses propositions socio-économiques et, originalité, la défense de la laïcité. Oh, sans doute le FDF n’ira-t-il évidemment pas jusqu’à suicider sa marque très forte mais l’ajout à celle-ci d’une touche libérale sociale sera une consolidation.

Le cdH ne se rebaptisera pas mais se centre sur son C


Au cdH, lui aussi en pleine phase de réflexion, nul mandataire ne sait exactement la ligne de redressement que Benoît Lutgen mitonne dans un quasi black-out. C’est que les sociaux-chrétiens voient soudain avec bonheur s’ouvrir davantage d’espace politique au centre, entre la “droite suédoise” et le PS obligé , sous la pression PTB, de s’ancrer davantage à gauche. Sans parler des électeurs jadis détournés du droit chemin par la com’ de l’Ecolo monarchiste Jean-Michel Javaux. Cela pourrait-il aller, comme des jeunes cdH l’ont imaginé, jusqu’à encore se rebaptiser puisque le meilleur score historique du cdH est en dessous du pire score de l'histoire du défunt PSC (Parti social chrétien) d’antan?
Il n’en sera rien: on ne changera plus ni l’eau ni le nom du bocal à poisson orange. Mais, dans ce climat politique il est clair que les stratèges du Centre démocrate Humaniste mettront davantage l’accent sur le C de leur sigle (ici, C comme Centre) que sur le H d’Humaniste. Un mot controversé, puisque faisant par trop référence aux Lumières et à la Libre Pensée, mais qui a vachement servi le cdH, du moins à Bruxelles, lui permettant de s’ouvrir massivement aux électeurs musulmans et de repasser largement la barre des 10%.
Mais lui valant aussi sa nouvelle appellation de “Parti des Religions”. Ce qui postule aussi une moins grande volatilité que celle de l’électeur Ecolo. (depuis mai 2014, le rapport de force CDH/ Ecolo , en Wallonie, c’est 15,1% contre 8,6%)
Dans cette création du cdH, un gros hic: non seulement l’ouverture aux laïcs est-elle restée quasi lettre morte depuis 2002 mais encore le changement de dénomination n’a-t-il guère fonctionné en Wallonie, sociologie électorale aidant. Dans le cas du cdH, le changement de dénomination se voulait véritable rupture: ce ne fut pas pour autant la renaissance escomptée.




Côté flamand, c’est un fait marquant que tous -oui tous- les partis du Nord ont changé leur nom. Parfois par la force (la Cour de Cassation qui condamna le Vlaamse Blok pour racisme et xénophobie, le forçant à se rebaptiser en Belang et “cassant” son élan), le plus souvent pour se défaire du passé, avec plus ou moins de bonheur.

Au CD&V, une mayonnaise qui a mis son temps à prendre

Ainsi, lorsqu’il s’est retrouvé dans l’opposition en 2001, le CVP choisit de se défaire de l’image “conservatrice” de l’Etat CVP. Des spins doctors inventèrement donc le CD&V, insistant sur le coup de génie du symbole &, censé démontrer la volonté d’unir et non point de diviser.
Las, la mayonnaise a pris lentement mais a fini par virer plutôt réussite, en “image publique” s’entend. Le fait est là: alors que le CVP ne séduisait presque plus aucun jeune flamand, c’est devenu un parti, voire une marque qui fonctionne à nouveau chez les jeunes électeurs flamands.
Les libéraux flamands, eux, ont connu bonheurs et malheurs. Lancé sur orbite en 1992 par l’emblématique Verhofstadt, le VLD (Vlaamse Liberalen en Democraten) devient finalement, de peu, le premier parti de Flandre en 1999. 
Mais a la curieuse idée en 2007 de se mettre en cartel, histoire de se montrer encore plus rassembleur, avec le mini parti Vivant du richissime Roland Duchâtelet (oui, celui du Standard de Liège) sous le nom d'Open Vld. C’est le début de ses ennuis. Déjà critiqué parce que ses trois premiers “Burgermanifesten” (les petits livres ou Verhofstadt décrivait sa vision politique) ne collaient pas vraiment avec son action comme Premier Ministre jugée bien trop à gauche en Flandre, Verhofstadt réactualise ses convictions et opte parallèlement de changer le VLD en OpenVLD.
Trois ans plus tard, Alexander De Croo retire la prise du gouvernement Leterme: et les libéraux du Nord dévissent les échalotes, perdant plus d’un quart de leurs électeurs. Et la N-VA fait un énorme bond en avant. Merci Alexander. Ici, la nouvelle image du parti aura été celle de la chute et du déclin.

Le nom d’un parti: une valeur variable

C’est le moment d’épingler un phénomène évident: le nom d’un parti n’a pas la même valeur à droite qu’à gauche d’une assemblée parlementaire.
La droite -le phénomène est très voyant en France- a plutôt tendance à opter pour des valeurs consensuelles. On parlera de “Rassemblement”, d’ “Union”, ou , comme pour le MR, de “Mouvement”. Les militants ne sont pas attachés à tout prix au nom de leur parti: à preuve en France les multiples appellations successives du courant gaulliste… (UDR, RPR, UMP, demain les Républicains?)
Les partis de gauche, eux, ont davantage l’impression de perdre partie de leur identité. Leur appellation c’est, mine de rien, la continuité des luttes politiques des ancêtres, de toute l’histoire sociale du Mouvement ouvrier.
C’est ce qui explique que, comme en France depuis 1971, le PS n’a, chez nous, jamais même envisagé de changer de nom depuis la scission du national PSB en 1978. Même dans ses périodes de ressac. On y a juste, dans une “consolidation stratégique” de com’ jeté avec les orties la rose au poing, empruntée à François Mitterrand depuis 1971, et relooké design le logo PS.

Le sp.a ne pétille plus

Du côté des socialistes flamands, pour là aussi faire oublier les affaires judiciaires et se défaire d’une image vieillotte,  le publicitaire Patrick Janssens devenu soudain président en 1999 appliqua une logique marketing. Le SP devint le sp.a, (Socialistiche Partij Anders) le point graphique étant juste là pour qu’on ne confonde pas le parti avec… l’eau minérale. Il s’agissait aussi d’accueillir le mini-parti Spirit de Geert Lambert, ex vice-président de la Volksunie. Et touriste politique puisqu’il fonda ensuite le Sociaal-Liberale Partij, qui fusionnera avec les écolos flamands de Groen.
Bref, les socialistes flamands ont tellement voulu changer le nom et leur image d’ouverture qu’ils ont fini par s’égarer. (pour rappel, Caroline Gennez voulait appeler son parti Socialistisch en Progressist Partij) C’est pourquoi l’actuel duel interne entre l’ostendais John Crombez et Bruno Tobback se focalise tant sur la question du message et des valeurs que le Sp.a doit incarner et “vendre” à l’opinion.
Or, les deux hommes représentent finalement les mêmes valeurs un peu floues. Ni l’un ni l’autre ne va inventer l’eau chaude qui , soudainement, fera faire des bulles électorales aux socialistes du Nord. “Il y a, lâche un politologue flamand, des enterrements plus gais que les débats entre les deux candidats”
John Crombez, qui ne manque pas de qualités, sera sans doute le prochain président des socialistes flamands mais juste pour une raison principale: il n’est pas Bruno Tobback.

On le voit: un nouveau nom n’est pas automatiquement, pour n parti, une renaissance: c’est aussi un risque.
L’entreprise peut être une formidable réussite (le VLD de la grande époque de Guy Verhofstadt ou un égarement (l’embarras des socialistes flamands).
Bref, une belle interrogation médiapolitique: faut-il toujours tout chambouler pour se moderniser?

Michel HENRION


#Suédoise: un défaut de fabrication plus que relatif (chronique pour MBelgique Hebo)







La politique belge, c’est pas sorcier. Il suffit toujours, pour le gouvernement du moment, de trouver la juste incantation qui transforme la réalité. Mais comme -Europe et mondialisation aidant- les casse-tête se multiplient, la rue de la Loi peine de plus en plus à faire croire en ses éternels tours de magie. Budgétaires et autres.

Et puisque le vieux truc des “recettes du bon sens”, cet efficace terminus de la pensée, laisse même l’opinion publique être critique, l’institutionnel belge tombe cette fois à pic pour tout rendre illisible.

Pas de drame sanglant: on prévoit une croissance plus optimiste et on ristourne surtout 750 mio € de moins aux entités fédérées.

Supercalifragilisticexpialidocious et l’essentiel du tour de passe passe est joué. Aux Régions, et aux communes, de se serrer soudain la ceinture bien plus que prévu. Surprise-surprise, débrouillez-vous, c’est la loi de financement même si les chiffres partent soudain en toupie.

C’est d’autant plus simple qu’aucun parti du gouvernement fédéral n’est présent dans les Exécutifs de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Fastoche: il suffit juste de cliquer et d’envoyer un petit mail. Signalant aux bruxellois qu’ils ont 105 mio€ en moins et aux wallons qu’ils ne recevront pas les 317  mio€ escomptés.



Le malaise



Après six mois de gouvernement suédois, malgré cet ajustement budgétaire peu fédéraliste mais finaud, une évidence s’impose pourtant: il y a  comme un malaise. A tel point que d’aucuns, dans certains salons feutrés de la rue de la Loi, en arrivent à évoquer jusqu’à l’hypothèse, très hypothétique, d’un remaniement ministériel. Rejoints en cela par certains cénacles patronaux de Flandre, qui, s’ils voudraient encore davantage de leadership de la part du Premier Ministre MR, veillent surtout à ce que le menu de centre-droit de cette coalition puisse continuer à être servi.

 C’est que le discours d’excuse et d’opportunité (“Ils viennent d’arriver”, “laissez-nous le temps”, “c’est la faute à nos prédécesseurs”) ne peut plus guère tenir longtemps la route pour expliquer certains couacs. Après six mois, c’est même déjà le moment de faire une première évaluation de la #Suédoise… Et celle-ci pose problème à plusieurs partis de la coalition.



Les valeurs libérales





La N-VA s’est certes hissée au fédéral mais n’engrange jusqu’ici, si on réfléchit, que quasi pouic par rapport aux folles promesses de “changement” de mai 2014. Un saut d’index n’est pas le “verandering”.

Le MR, lui, est encore tout à la joie d’être au 16 rue de la Loi, surtout dans son aile la plus à droite, (“La section N-VA de Jurbise est ravie”, ironise un cadre reyndersien du MR)  mais qu’a-t-il déjà vraiment obtenu comme réforme libérale forte?

Le #taxshift, la réforme fiscale, c’est renvoyé à l’automne. Certes, le cap de l’ajustement budgétaire est franchi et les tenants de la #Suédoise ont soudain retrouvé le moral. D’autant plus que des Houdini de la com’ ont transformé l’opération en quasi bonne nouvelle.

Mais reste ce souci de fond: jusqu’où les valeurs libérales peuvent-elles accepter ce qui se passe en dehors du 16 de la rue de la Loi? C’est à dire  les comportements et offensives des ténors de la N-VA. Car si libéraux et nationalistes peuvent s’accorder largement sur le socio-économique, c’est pour le moins différent sur d’autres thèmes, comme celui du racisme.



Une sarabande d’incidents extérieurs



D’où ce constat: il apparaît de plus en plus que la #Suédoise a souffert , dès le départ, de plusieurs défauts d’architecture, voire de fabrication.

Jugés par d’aucuns comme relatifs. Mais qui font qu’à l’usage, on voit se multiplier comme une sarabande de soucis et d’ incidents politiques.

Le dernier en date, en attendant l’inévitable prochain couac à venir, étant évidemment la controverse enflammée du “racisme relatif”, cette théorie N-VA qui veut que si l’allochtone a du mal à trouver un job ou un logement, c’est qu’il l’a somme toute bien cherché. La Flandre est censée être un paradis de l’égalité des chances, sans problème pour celui qui s’est intégré comme il convient à Bart (De Wever) et Liesbeth (Homans).

Une sortie provo “d’allumeur de vrais Berbères”* qui a en tout cas permis à Bart De Wever de s’adjuger, d’accaparer tout l’espace médiapolitique pendant une formidable séquence-temps. Celui de préparer en douce l’ajustement budgétaire, avec ici la caution du boss mais aussi de Wouter Beke (CD&V et Gwendolyn Rutten (OpenVLD) pour ce qui est du financement réduit des nouvelles compétences de la Flandre. (moins 396 mio€)



Un message tourné d’abord vers les flamands



Phénomène marquant à épingler: ce qui secoue la coalition n’a, le plus souvent, pas grand chose à voir avec l’Accord gouvernemental. Ce sont les propos ambigus de Jan Jambon sur la collaboration; l’anniversaire du charmant Bob Maes; ou le président de la Chambre s’en allant chanter, comme si de rien n’était, avec des ministres N-VA, à la Fête du Chant flamand (pour le N-VA Hendrik Vuye, l’expression "België barst" exprime “juste un projet politique qui vise une plus grande autonomie ou l'indépendance").

Et puis, il y a  surtout, les déclarations du “Slimste Mens” De Wever.

Qui mélange sans cesse idéologie (retenez que De Wever, avec son “intégration inclusive”, dit ici vraiment ce qu’il croit, ce qu’il pense) et stratégie. En s’emparant de ce thème, le président de la N-VA protège son acquis électoral, se méfiant du Belang et de cet incertain mouvement anti-islam qu’est Pegida, très actif à Anvers.

Certes, dans cette affaire, les francophones n’ont pas perçu toute la séquence qui fut, d’abord, un feuilleton flamand.

Au départ, présentant un livre en compagnie du bourgmestre PVDA (travailliste) de Rotterdam, De Wever -fait exceptionnel- tançait uniquement aux flamands. Pour une fois, il ne renvoyait pas la responsabilité de l’intégration vers le niveau fédéral, les wallons, les francophones ni même de ce PS “qu’il ne veut plus jamais voir au gouvernement”.

Ce jour là, il gaffe un peu (son Gouvernement flamand est mis en cause) et se doit de récupérer le  bigntz en se rendant à la VRT et en y poussant le bouchon, cette fois fédéral, jusqu’à soulever de (discrets) remous chez ses propres rangs, qui ne sont pas tous forcément “de droite”.

On sent bien que tout le monde, à la N-VA, n’est pas forcément d'accord. Jan Peumans, le Président du Parlement flamand, qui est plutôt vu comme quelqu'un de gauche au sein de la N-VA, a exprimé son désaccord. Les personnalités  “allochtones” de la N-VA se sentent un brin forcées à défendre De Wever. Certaines comme Zuhal Demir avec conviction, d’autres (Nadia Sminate) d'une maniere moins convaincante.

Certes, on avait illico épinglé le fait exceptionnel que ce ne soit pas le premier parti de la coalition qui livre le Premier Ministre. Mais on y avait sous-estimé à quel point le poids politique énorme du bourgmestre de la multiculturelle Anvers allait mettre régulièrement le gouvernement Michel dans l’embarras.



Faire le gros dos



C’est clair que le jeudi n’est pas devenu le jour de la semaine favori du Premier Ministre. Répondre aux interpellations devient de plus en plus compliqué dès lors qu’il s’agit des foucades de la N-VA. Et que l’OpenVLD lui-même incite le Secrétaire d’Etat  N-VA Théo Francken à la boucler.

Charles Michel n’a d’autre solution que de faire sans cesse le gros dos. C’est la quadrature du cercle. Faute de communautaire pur, De Wever entend se profiler vigoureusement sur les terrains de la sécurité, de l’islamisme et de la migration, ce thème favori du Belang.

Le hic, c’est que côté MR, ni Olivier Chastel ni Charles Michel ne se trouvent dans une position de force pour ramener De Wever à plus de raison.

Le “storytelling” MR, genre “nous sommes très à l’aise dans ce gouvernement” n’est plus toujours si évident. Au MR, on les qualifie de “marginales”, mais des voix s’élèvent tout de même en interne.  Notamment celle, remarquée, de l’avocat Renaud Duquesne, fils de l’ancien président libéral Antoine Duquesne: “Les ministres de la N-VA sont donc devenus comparables au dieu Janus, le dieu aux deux visages. C'est le règne de la duplicité.” a-t-il lancé, se demandant “si Charles Michel était atteint du syndrome de Stockholm ?”

Et même s’ils se maintiennent plutôt bien dans les sondages, des libéraux s’inquiètent d’autres retombées: celles d’une politique souvent conduite dans l’intérêt du Nord (l’arrêt du Thalys wallon), des conséquences du saut d’index sur les PME et du taux variable que le ministre Daniel Bacquelaine impose pour ce qui est des pensions complémentaires

et autres contrats d'assurance groupe.



Le vocabulaire vire Viking



On l’avait prédit dans ces colonnes de M… Belgique dès la composition exceptionnelle de cette coalition: le combat politique allait virer violent, style Games of Thrones. C’est pire que ça: c’est le style Ragnar Lothbrok qui a envahi la rue de la Loi, ou le vocabulaire vire carrément combat oratoire pour Vikings.

Médiapolitiquement, il faut toujours faire attention au vocabulaire. Et celui-ci a lourdement tendance, depuis quelques mois à déraper.

Le Ministre-Président bruxellois PS Rudi Vervoort s’était au moins excusé lorsqu’il avait effectivement dérapé en comparant la déchéance de nationalité prévue par l’actuel gouvernement et le régime nazi.

A la N-VA, ce n’est pas vraiment le genre de la maison de regretter. Le président de la Chambre peut aller jusqu’à employer le très chargé mot “pogrom” (attaques contre des juifs) pour qualifier les critiques contre De Wever, ça ne soulève quasi aucun remous…



L’absence des hommes forts du Nord





Les événements, les positionnements l’ont rendu impossible mais une telle “aventure politique” eût impliqué que les hommes forts de chaque parti intègrent le gouvernement. C’était évident pour De Wever et presque autant pour le CD&V Wouter Beke. Ce l’était moins pour Gwendolyn Rutten de l’OpenVLD.

Point commun à tous ces politiques restés présidents de parti: ils se comportent tous depuis des mois comme des snipers. Plus précisément des “Flemish Snipers” puisque le phénomène inattendu de la coalition suédoise, c’est un incessant combat de parts de marché électorales entre les trois partis du Nord, qui se fichent comme un poisson d’une pomme de l’embarras, des difficultés que cela peut susciter chez leur seul partenaire francophone…

Entre CD&V et N-VA, même à l’intérieur du Gouvernement flamand, on en est carrément à la guerilla médiatique, à prendre plus ou moins au sérieux.

Si les hommes forts de tous les partis s’étaient retrouvés autour de la table gouvernementale, leurs successeurs n’auraient eu d’évidence qu’un rôle accessoire.

C’est ce qui s’est passé au MR: Olivier Chastel peut dire tout ce qu’il veut, en s’accordant ou non avec son Premier Ministre, c’est ce que disent Charles Michel et Didier Reynders qui compte. Même si ce dernier a une évidence tendance à soutenir la coalition (et à se chercher peut-être un nouveau destin) depuis Singapour, Tripoli, Le Caire ou Moscou…

Résultat: face au lourd poids flamand de trois partis, Charles Michel -qui n’a pas encore l’expérience ministérielle d’un Reynders- se retrouve souvent seul, avec Willy Borsus, qui, lui, n’avait jamais été ministre.



La réforme de l’Etat définitive?



Il y a comme un paradoxe: c’est la 6ème réforme de l’Etat de la coalition Di Rupo qui permis de mettre le communautaire sur le côté et de constituer le gouvernement #suédois socio-économique. Pour l’heure,  le transfert de compétences se fait vaille que vaille, car pas à ressources équivalentes.

Mais tout un chacun sait, rue de la Loi, qu’un second gouvernement socio-économique est impensable pour la N-VA. “Il n’est pas question alors d’une 7ème réforme de l’Etat, mais d’une réforme définitive” clame-t-on à la N-VA. Entendez le confédéralisme qui nécessite à tout le moins un accord des deux tiers des parlementaires.

Quoiqu’il en advienne, l’essentiel pour le parti nationaliste est, d’ici là, de maintenir coûte que coûte son poids électoral. Quitte, un jour, à anticiper la fin de son expérience “belche” et fédérale. Ce qui explique aussi pourquoi, en coulisses, PS et cdh, au delà des effets de manche, maintiennent tout de même quelques contacts. Car avec le perpétuel malaise créé par la N-VA, avec celui qui est apparu chez les libéraux francophones, on sent bien qu’il va devoir se passer quelque chose. “On ne peut pas continuer comme ça avec de telles attitudes de De Wever”, confie un MR liégeois.

Bref, on ne sait pas où on va, mais on y va.



Michel HENRION





* Lu sur Facebook, sous la plume de Jean-Claude Broché.