Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

mercredi 25 août 2010

Le couloir Wallonie-Bruxelles survivra-t-il aux tirs au but BHV ? ( mais peut-être autant de ministres pour le CDH que la NV-A…)

S’il est une expression politiquement à la mode pour l’heure, c’est bien celle de “Maison Belgique”.
Qui a l’avantage fastoche de ne rien signifier de précis, d’autant qu’on ne sait vraiment plus aujourd’hui, avec la collision frontale des tenants des régions (Fr) et des communautés (Nl), comment encore définir cette Belgique. Qui n’en est plus à une superposition institutionnelle près…
Ainsi donc, les francophones ayant enfin logiquement et coperniciennement admis que toute loi de financement peut évoluer, le presque formateur Elio Di Rupo a réussi à passer un dangereux goulot d’étranglement.
L'office du Tourisme Wallon  a anticipé le "couloir"
Et ce avec un accord très symbolique et tellement vague qu’on peut pronostiquer déjà quelques lectures différentes lorsqu’on ouvrira, chiffres à l’appui, la boîte de Pandore de la “responsabilisation des entités fédérées”. Lisez les mots “fric”, flouze, pognon, oseille, artiche, thunes, biffetons, persil… car cette “responsabilisation” est la jolie formule par laquelle certains, au Nord, entendent toujours pudiquement mettre une fin progressive à la solidarité nationale.
Bref, si cet obstacle est encommissioné, ce n’est pas encore pour autant carnaval à Rio.
Car voici venu le temps des tirs au but.
Celui ou il faut:
- dégager l’accord miraculeux, voire miraculageux, sur BHV.
- trouver un consensus sur un programme économico-social ( et là, Bart De Wever, l’amalgameur du “nationalisme et du conservatisme tranquille “, n’entend pas se faire coincer par ses partenaires positionnés bien plus à gauche que la NV-A)
- Règler encore, si tout allait miraculeusement bien d’ici la rentrée parlementaire d’octobre (la vraie “deadline” de la NV-A), quelques broutilles comme la répartition des portefeuilles du gouvernement Di Rupo, la règle de la parité gouvernementale pouvant aboutir à ce résultat déroutant, difficile à avaler au Nord, que Joelle Milquet (390.000 voix à la Chambre pour le CDH le 10 juin) pourrait se retrouver avec autant de ministres que la NV-A (1.268.389 voix)

Avec BHV, même ficelé dans l’emballage-cadeau du répit de cette grande réforme de l’Etat qui sauvera la “Maison Belgique” jusqu’à la prochaine offensive du Nord, on en connaît qui, côté francophone, vont devoir gravement dodeliner du cervelet pour expliquer ce qu’ils accepteront à leurs électeurs.
Avec cynisme, naïveté, franchise (gardez la mention qui vous paraîtra adéquate), le nouveau Président de la Chambre, André Flahaut, lâchait l’autre jour cette phrase : “ La difficulté vient du fait que des discours ont été tenus avant les élections et qu’on passe maintenant à la phase du réalisme…
Pensait-il notamment à Joelle Milquet qui, pendant la campagne électorale, voulait craché-juré l’élargissement de Bruxelles - "une question d’équité" - et insistait sur la nécessité d’établir "une frontière" entre Bruxelles et la Wallonie, frappant fort avec sa revendication d’un lien territorial, d’un “corridor” entre la Wallonie et Bruxelles?

Je sais, je dois être un peu maso, mais c’est un plaisir d’été pluvieux très amusant que de revoir ou relire aujourd’hui, en mes moments vraiment perdus, les débats électoraux de début juin dernier, autant dire hier.
Tenez, au hasard, le débat des présidents francophones du 4 juin, à Matin-Première (RTBF) devient, avec le recul, assez farce.
L’élargissement de Bruxelles ? demandait-on à la présidente du CDH.
Euh, disait-elle, c'est la position des quatre présidents de parti... des quatre partis... C'est dans les quatre programmes. J'ai ici par exemple, le toute-boîtes d'Elio Di Rupo à Bruxelles... l'élargissement est mis également.
Avec le recul, on notera la bien plus grande prudence du préformateur qui, lui, annonçait déjà en fait sa couleur actuelle faite de droits genre inscription et autres aménagements :
J'ai participé à deux grandes négociations avec M.Verhofstadt, avec M. Dehaene. Ce n'est pas comme ça que ça c'est produit... On a parlé des plus et des moins et il faut continuer.

Des plus et des moins, donc pour les heures qui viennent: reste à voir le résultat de l’addition. Car c’est tout un art que d’enfreindre, que de faire oublier avec élégance ses promesses électorales…