Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

dimanche 19 septembre 2010

Bart De Wever est-il en état intellectuel d’apprendre…le compromis ?


Ce week-end, Marianne Thysen, l’ex-présidente tragiquement vaincue du CD&V a cherché l’oubli et la quiétude en Gaume, se promenant à bicyclette  dans les  jolis vallons de Torgny, le village le plus méridional de Belgique, le plus éloigné d’une rue de la Loi en ébullition …
Car ce week-end, ça avalanchait: avec le CDH dont l’anachronique slogan électoral “L’Union fait la force “ virait à “séparatistes de tout le pays, unissez vous”; avec Paul Magnette, le porte-voix avant-coureur d’ Elio Di Rupo, qui  passait un peu plus la N-VA à la sulfateuse ; avec un Didier Reynders qui, à “Controverse” devenait stratégiquement on ne peut plus affable, presque élogieux vis à vis du président du PS; avec un Louis Michel  renonçant évidemment à la présidence future du MR puisque pour son fiston Charles. Mais la plus significative est peut-être celle de Jan Peumans, le Président du Parlement flamand qui, ayant soigné ses bleus, a annoncé ne plus vouloir faire entrer ceux-ci au gouvernement flamand.
Jan Peumans, un ton avant-coureur ?
A son estime, tout bricolage politique visant à virer le SPa au profit de l’OpenVLD, serait compromettre la stabilité politique au Nord du pays.
Ce serait un ouf. Car ce qui agite en sourdine le monde politique,  c’est la crainte surréaliste de voir “ la statégie de la pourriture” (comme on dit en Flandre) de la N-VA mettre à son tour  le Gouvernement flamand du CD&V Kris Peeters en grave difficulté, au motif peu ou prou crédible de dépenser des milliards pour construire plutôt un pont qu’un tunnel pour contourner Anvers, la ville par ailleurs la plus endettée de Flandre. Ce qui n'est pas un détail.
On voit le tableau, on imagine l’imbroglio si, alors que les négociations fédérales sont déjà dans l’impasse totale, Bart De Wever déclenchait une autre  crise atomique au gouvernement flamand avec toutes ses retombées induites….
Et ce alors que l’argument vendu internationalement, notamment aux si émotives agences de notation, est qu’il faut relativiser le drame de l’impasse fédérale, puisque les entités fédérées sont, elles, censées être des garantes de stabilité. 

LA N-VA, PETIT POUCET DU PARLEMENT FLAMAND...

Rapprochement Bart-Elio sur Twitter
Le hic, c’est que la N-VA s’énerve aussi quelque peu de sa propre puissance “ à deux vitesses”. Devenu, en juin dernier, le premier parti de Belgique et surtout de Flandre au niveau fédéral (27 sièges), la N-VA, au Parlement flamand, ne pèse toujours que son résultat-plume du scrutin régional de 2009.
S’il est donc un endroit ou Bart De Wever doit encore se faire tout petit, c’est dans l’assemblée de Peumans ou il n’est que … le cinquième parti du Nord ( 16 sièges), loin derrière le CD&V (31), l’OpenVLD (21), le Belang (mais, oui: 20sièges) et le SPa si énervant (19 sièges).
Dans les prochaines heures,  la N-VA aura donc des options décisives à prendre, tant au gouvernement flamand  que face aux médiateurs royaux, le parti nationaliste étant désormais seul contre six à hésiter à redémarrer les négociations.
(le CD&V de Wouter Beke est d’accord, à l’instar de Spa et Groen)
On peut se demander en tout cas si Bart De Wever, la “Prima Donna” de Flandre, n’est pas un rien victime de la névrouze de la folie des grandeurs, prétendant toujours, dans sa communication de sirop de rêve, représenter rien de moins que 80% des flamands, donc bien au delà de ses propres résultats.
Le PS et le CD&V ont, dans la société belge, une longue culture du compromis nécessaire.
La N-VA, parti tout neuf, qui ne comptait qu’un seul siège à la Chambre en 2004, ne semble, elle, avoir qu’une règle : imposer son seul point de vue.
Que ce soit au niveau fédéral, au gouvernement flamand, au niveau de sa  chère ville d’Anvers, Bart De Wever n’est jamais prêt qu’à accepter une seule solution : la sienne. Et rien que la sienne.( “ Les opposants au pont sont de mauvais anversois” a ainsi décrété froidement Bart)

En parodiant Yves Leterme, on peut donc se poser une question : Bart De Wever est-il en état intellectuel d’apprendre le compromis ?

Suite : les événements tout récents ont confirmé les propos prémonitoires de Jan Peumans et la N-VA
, dûment mise en garde par Kris Peeters, a accepté, après pas moins de douze heures de discussion au gouvernement flamand, que le viaduc soit enterré sous la forme d'un tunnel. Dans ce cas, oui, la NVA a donc accepté un compromis qui, hors du gros problème du financement, satisfait toutes les parties.
La bataille pour le maïorat d'Anvers est plus que jamais lancée: et Bart De Wever n'avait somme toute pas intérêt à aiguiser l'allergie des anversois qui avaient montré par referendum (60% de non) qu'ils rejetaient le polluant viaduc, fut-il une merveille architecturale.Le sujet-clé de la campagne communale sera, non seulement la facture du tunnel ( Bart De Wever veut démontrer qu'il y a des solutions alternatives pour éviter la charge anversoise) mais aussi la toujours tragique situation budgétaire de la Métropole. Une chose est certaine : dans ce dossier qui a cumulé les désordres, la Flandre n'a pas de leçon de "bonne gouvernance" à donner...