Pour le PS, c’est désormais un peu José le boulet. Avec non seulement son côté “l’argent est dans le pré”, ( ses 500.000 euros de “droits acquis” au Parlement Wallon, sa présidence controversée de l’aéroport de Liège..) mais aussi ce besoin atavique de faire parler de lui plus qu’au détour d’une perquisition. En sortant régulièrement de sa semi-retraite très dorée pour une déclaration toujours media-gonflette: c'est sa récurrente technique de com'.
Dans le fond, c’est un baromètre politique précieux.
Plus simple que la queue de l’âne du baromètre d’antan, celle qui se levait ou s’abaissait selon le taux d’humidité et autres pressions atmosphériques.
Si vous écoutez Paul Magnette, tendez l’oreille gauche: c’est ce que veut Elio Di Rupo.
Si vous entendez José Happart, tendez l’oreille droite: c’est ce que ne veut précisément pas le président du PS.
Fastoche, non ?
Di Rupo, après les régionales-miracle, se démène pour faire naître l’ Olivier en Wallonie et à
Bruxelles ? José Happart dézingue, à grands pieds lourds, les Ecolos à tout va, presque autant qu’Eerdekens, c’est dire.
Le PS veut maintenir les gastronomes du MR en dehors des négociations avec “den dikke van de frituur” ?
Zou, José Happart souhaite leur tout grand retour, puisque y compris même dans les deux gouvernements régionaux…
En fait, hormis le soutien aux bleus “R’tourneux casaques” (comme on dit en wallon), rien de bien neuf dans le discours de l’ancien Fouronnais. Qui a perdu beaucoup de sa crédibilité. Et qui, pour ce qui est d'exprimer un point de vue régionaliste radical au PS, est aujourd'hui doublé par le plus sérieux Jean-Claude Marcourt.
La thèse de José Happart –qui est éminemment respectable- reste celle d’un fédéralisme débarrassé des Communautés, reflètant ainsi une tendance wallonne très ancienne qui considère que l’ “Espace francophone”, c’est une forme de recentralisation et que la fameuse Fédération birégionale Wallonie-Bruxelles de Rudi Demotte, c’est quelque part l’absorption de la Wallonie par la Communauté Française.
Mais ou le wallonissime devenu soudain presque belgicain surprend, c’est par la faiblesse de son argumentation “pour combattre la scission” (toujours très éventuelle). Des arguments très étranges, d’ailleurs souvent en contradiction, si on y réfléchit, avec les principes de son léthargique propre mouvement “Wallonie, région d’Europe”. Qui reposait sur une doctrine régionaliste radicale préconisant la disparition complète des Nations dans une Europe qui ne devrait plus être qu'une fédération de régions.
“L’Europe n’acceptera jamais la création d’un ou de plusieurs nouveaux Etats en son sein “ affirme-t-il doctement. Ah bon ? Faut croire que l’ex-Fouronnais qui, pourtant, pousse son souci des enjeux internationaux jusqu’à voyager vraiment beaucoup au Proche-Orient (Syrie et autres), a loupé quelque peu les événements survenus en Europe ces 30 dernières années.
Car c’est oublier l’évaporation de l’Allemagne de l’Est, la débandade de l’URSS, le démembrement tragique de l’ex-Yougoslavie, la scission réussie de la Tchécoslovaquie et l’on en passe.
Happart feint de ne rien voir – lui!- de cette tendance lourde d’évaporation des états multinationaux qui fait que, en 30 ans, les atlas de géographie comptent 230 pays au lieu de 155…
Pire: l’ancien wallon désenflammé utilise soudain les habituels arguments des plus conservateurs des “anciens belches”.
“Imagine-t-on une armée flamande, une armée wallonne et une armée bruxelloise ? ce serait complètement ridicule”, se moque-t-il ah ah avec un argument-bidon que le plus rabique des N-VA n’a même jamais pensé à évoquer, puisque pour Bart De Wever tout cela se fondra un jour dans l’Europe.
Peu convaincant ? Happart agite donc à son tour le “spectre de la dette”, un obstacle financier et technique souvent présenté comme l’obstacle suprême.
Or, ici aussi, l’argument-même s'il pèse- ne tient évidemment pas vraiment. Est-ce que la vente publique de la belle maison familiale a jamais empêché un couple déchiré de divorcer ?
C’est curieux : Happart n'entend donc rien aux sentiments qu’exprime le nationalisme; quel qu’il soit.
Des sentiments si forts, si violents que, lorsque celui-ci gagne, aucun obstacle dit technique n’a jamais pu y faire barrage. Et ce sentiment nationaliste, couplé d'une grande indifférence à la Belgique, n'a jamais - c'est juste un constat- été aussi exacerbé qu'aujourd'hui en Flandre.