Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 17 septembre 2010

Pourquoi Bart De Wever a besoin de toutes ces crisettes : mais l’horloge tourne aussi à son détriment…


Ce n’est pas qu’un détail. Avez-vous remarqué qu’il n’existe qu’une seule série de photos, lassante à force d’être tant réutilisée par les medias, ou Di Rupo et De Wever sont représentés ensemble ? C’était le 11 juillet, à l’hôtel de Ville de Bruxelles, lors de la Fête flamande des Eperons d’Or. Le jour ou Bart De Wever- qui ne fait pas grand chose par hasard- avait, en outre, mis la cravate qu’Albert 2 ne voit jamais. Mieux vaut éviter l’objectif puisque ce n’est plus positif, ni pour l’un, ni pour l’autre.
Ce n’est pas qu’un détail: avez-vous remarqué que certains journaux francophones n’écrivent plus “Elio Di Rupo” en entier mais se contentent d’écrire “Elio” ?
Avec ce côté  rassurant qui vaut au PS - dont l’ADN politique est précisément la protection-  d’exploser dans les sondages.( 41,6% dans L’Avenir) Avec cette familiarité  découlant du climat anxyogène né de la folle, excessive et dangereuse diabolisation de l’ogre (si pas pire) De Wever et de la N-VA. Conduisant à l’incident, révélateur et pas si clochemerlesque que cela malgré le duel au parapluie, de l’agression plus ou moins physique du Président N-VA du Parlement Flamand ( qui mardi, à TVBrussel, n'apparaissait vraiment pas très meurtri)
La chance, dans ce climax, d’encore boucler les pourparlers devenus “pour parler” ?
A courte échéance ? Un pour cent ! “pronostiquait Philippe Moureaux juste avant les rodomontades de jeudi soir. “ Et vingt-cinq pour cent d’ici quelques mois…” ajoutait-il avec un optimisme noir. ("Humo" 17-09)
On aura donc droit, les esprits à nouveau un brin dépressurisés, à une “formation de type Trabant”. 
Humour Twitter: wallon reconduit à la frontière par deux flamands
Qui, comme la célèbre et défunte bagnole des allemands de l’Est, durera, brinquebalera, toussotera, crachotera, manquera d’essence, ajoutera peut-être quand même un peu de plomb libéral, frisera la panne définitive, prendra un temps fou pour arriver à destination, sera riche en incidents mais devra poursuivre  sa route puisqu’il n’y a quasi pas d’alternative crédible.
La “crisette”, dès lors, a toute sa fonction en communication. Pour chaque opinion publique, la francophone et la flamande, c’est une découverte supplémentaire de ce que l’autre pense et veut. D’autre part, elle débouche toujours sur une clarification des positions: cela vaut mieux maintenant que de faire naître coûte que coûte une coalition sur une addition de flous .
Un formidable dessin d’Erik Meynen, le scénariste actuel de Suske & Wiske, représentait  ( “Het Laatste Nieuws”) Bart De Wever en grande discussion avec Siegfied Bracke. Le cartooniste faisait dire à l’ancien présentateur-vedette de la télé flamande : “  Bon, si les francophones sont d’accord sur la loi de financement, il n’y a plus de raison de ne pas aboutir lundi, hein, Bart ?
Et Bart de rétorquer (fiction toujours) : “ C’est vrai… Mais je vais essayer de trouver quelque chose d’autre d’ici lundi…”
Soyons de bon compte: certes, Bart De Wever pousse à chaque fois le bouchon plus loin, certes il joue un peu hors des clous  avec Didier Reynders pour voir quels sont les francophones qui peuvent lui offrir le plus, certes sa gourmandise de premier parti flamand et de premier parti du pays semble insatiable… Mais quels sont les idiots anonymes du CDH qui, un temps, ricanaient en chuchotant que leurs premières promesses sur la loi de financement étaient une “boîte vide” ? Et quelle grossière erreur pour la confiance que d’avoir rêvé, un temps, au Palais et ailleurs, d’ isoler Bart via le CD&V ?
Alors que le PS, tout comme le CD&V, a l’habitude génétique du compromis, Bart De Wever a, lui, un grand besoin de toutes ces “crisettes”.
Pire: dans sa communication, il se doit de devoir donner aux medias du Nord une version arrangée qui lui donne inévitablement le beau rôle… Et une formule humiliante au passage pour les francophones ne mange pas de pain.( Genre “ le fédéralisme d’argent de poche “) pour sa com’. Ce n'est pas un détail non plus: chaque matin, je prête attention à la " citation du jour" sur le site de la N-VA. Aujourd'hui, on y trouvait une phrase extraite d'un édito de Paul Geudens (Gazet van Antwerpen): " De l'argent flamand pour une ville (Bruxelles) qui vomit les flamands ?"
Révélateur.
Humour politique, assez bien vu, sur Twitter
 Le problème de la N-VA est là. Ce parti , dont nul ne peut jurer qu’il réussira à s’installer durablement, doit montrer sans cesse qu’il dicte le tempo aux francophones.
Mais l’horloge tourne aussi pour Bart De Wever: pour l’heure, l'électeur flamand exaspéré lui donne sa confiance et il est certes le chef incontesté de ses troupes.
Mais au plus il laissera filer le temps, au plus il prendra le risque de ne plus les tenir toujours en main, de ne plus pouvoir les convaincre  de voter  aux deux-tiers sur un texte d’accord. 
La Volksunie est revenue” , martèle le Belang (qui pèse toujours en Flandre) faisant allusion aux folles divisions sur la ligne à adopter et aux incessantes bagarres internes qui firent jadis s’éclater la VU.
Bart De Wever à force de trop manoeuvrer risque fort, divergences internes naissant, de n’être plus du tout en état de signer- le jour enfin venu- ce compromis qui lui fait déjà si peur.