L’après-élections, période de
contacts plutôt discrets, crée souvent un vide médiapolitique.
Qui se remplit dès lors
souvent d’un peu tout et n’importe quoi.
Ainsi, à la télé flamande,
a-t-on pu voir Wouter Torfs, un célèbre marchand de chaussures de Flandre,
venir expliciter les tweets par lesquels il jetait des pantoufles sur la gauche
flamande et pourquoi il voulait des coalitions de centre-droit .
Ainsi, assiste-t-on sur les réseaux sociaux
flamands à une épidémie d’analyses à deux balles- et peu importe si elles sont
techniquement absurdes - de remise en cause de la répartition des sièges à la
Chambre…
Ainsi prête-t-on, pour
l’heure, par trop d’attention à ces “Marches flamandes” lancées d’un clic sur
Facebook et censées mobiliser (un 1er août !) l’ “âme flamande” au cas où …
Par contre, s’il est un
malaise à relever, c’est celui né du hiatus bien trop flagrant entre l’avant-
élections (où tous les partis, surtout en Flandre, proclamaient ne s’attacher
qu’au contenu des programmes) et l’après-scrutin où la “particratie” (mot utilisé ici sans connotation péjorative mais
comme type de régime politique) montre jusqu’à l’excès qu’elle ne pense plus
qu’aux petites stratégies de pouvoir .
Le PS Philippe Moureaux le
relevait pertinemment l’autre jour: “On ne pourra pas éliminer facilement le
grand vainqueur des élections en Flandre, (entendez la N-VA) devenu un acteur
tellement important”.
En Flandre, ça se résume
d’une formule: “Le flamand a beau
voter pour ce qu’il veut , c’est
la “particratie” belge qui
décidera in fine de ce qui se passera”. (pour les distraits, avec 1.366.073
voix, la N-VA a inventé la famille politique monoparentale, pesant quasi autant
que PS et SPa réunis)
Donc, écarter d’office -parce
que c’est comme ça, na!- la N-VA tout
à la fois du Gouvernement fédéral ET du Gouvernement flamand sans que l’opinion
publique du Nord n’ait le sentiment que la N-VA porte elle-même une
responsabilité de l’échec, sans qu’on n’ait photographié qu’elle a bloqué,
qu’elle a refusé tout compromis, qu’elle a chipoté, qu’elle a renâclé, qu’elle
ne voulait peut-être pas vraiment des ministères de la rue de la Loi, ça ne
passera pas comme une lettre à be.post.
Ca peut même conduire à des évolutions souterraines imprévisibles dans la société flamande.
On reprend, pour bien faire
comprendre un certain climax au Nord. Pendant toute la campagne électorale,
l’électeur flamand n’a entendu parler que de priorités socio-économiques, avec
bien des convergences de contenu de centre-droit parfois à peine nuancées entre
Bart De Wever, Gwendolyn Rutten, Kris Peeters, Didier Reynders, Charles Michel
et même Benoît Lutgen…
Surprise: dès la page de
#be2505 tournée, politiques et médias flamands ne se demandent pas si le
contenu tellement mis en avant est possible ou non avec les socialistes (ne
jamais rien écarter en politique); mais seulement de savoir surtout quand De
Wever va échouer.
Bref, nombre de flamands (et
pas que N-VA) ont le sentiment que
les partis privilégient toujours, non pas leurs fameux programmes, mais le
pouvoir facile…
Il n’a manqué qu’un siège à
la N-VA pour être incontournable.
L’exclure- à tout le moins du Gouvernement flamand- sans même démontrer
aux électeurs qu’elle s’exclut elle-même du pouvoir par ses positions radicales
serait risqué. Et d’autant plus compliqué qu’il est quasi
impossible d’écarter la N-VA juste sur base de son programme socio-économique,
qui n’est pas loin… de ressembler comme deux gouttes d’eau à celui de l’OpenVLD
(d’ailleurs, son meilleur et important soutien du moment)
Eliminer froidement le
vainqueur -entendez la N-VA- déboucherait, au Nord, sur un malaise. Dont on ne
sait ce sur quoi il pourrait aboutir. Une radicalisation de Bart De Wever, qui
vire plutôt ces jours-ci presque parti traditionnel? Une apathie, un rejet
beurk des moeurs politiques? Donc, un come-back des fachos du Belang? Une “marche” style Shame, sans
d’ailleurs plus d’influence que cette dernière?
La politique n’est pas qu’une
affaire de calculettes additionnant le nombre de sièges: c’est très psy.