Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

lundi 18 août 2014

Les noces rebelles de l’électeur flamand (MBelgique du 6/06/2014)

 
L’après-élections, période de contacts plutôt discrets, crée souvent un vide médiapolitique.
Qui se remplit dès lors souvent d’un peu tout et n’importe quoi.
Ainsi, à la télé flamande, a-t-on pu voir Wouter Torfs, un célèbre marchand de chaussures de Flandre, venir expliciter les tweets par lesquels il jetait des pantoufles sur la gauche flamande et pourquoi il voulait des coalitions de centre-droit .
Ainsi,  assiste-t-on sur les réseaux sociaux flamands à une épidémie d’analyses à deux balles- et peu importe si elles sont techniquement absurdes - de remise en cause de la répartition des sièges à la Chambre…
Ainsi prête-t-on, pour l’heure, par trop d’attention à ces “Marches flamandes” lancées d’un clic sur Facebook et censées mobiliser (un 1er août !) l’ “âme flamande” au cas où …
Par contre, s’il est un malaise à relever, c’est celui né du hiatus bien trop flagrant entre l’avant- élections (où tous les partis, surtout en Flandre, proclamaient ne s’attacher qu’au contenu des programmes) et l’après-scrutin où la “particratie” (mot utilisé ici sans connotation péjorative mais comme type de régime politique) montre jusqu’à l’excès qu’elle ne pense plus qu’aux petites stratégies de pouvoir .
Le PS Philippe Moureaux le relevait pertinemment l’autre jour: “On ne pourra pas éliminer facilement le grand vainqueur des élections en Flandre, (entendez la N-VA) devenu un acteur tellement important”.
En Flandre, ça se résume d’une formule:  “Le flamand a beau voter  pour ce qu’il veut , c’est la “particratie” belge qui décidera in fine de ce qui se passera”. (pour les distraits, avec 1.366.073 voix, la N-VA a inventé la famille politique monoparentale, pesant quasi autant que PS et SPa réunis)
Donc, écarter d’office -parce que c’est comme ça, na!- la N-VA tout à la fois du Gouvernement fédéral ET du Gouvernement flamand sans que l’opinion publique du Nord n’ait le sentiment que la N-VA porte elle-même une responsabilité de l’échec, sans qu’on n’ait photographié qu’elle a bloqué, qu’elle a refusé tout compromis, qu’elle a chipoté, qu’elle a renâclé, qu’elle ne voulait peut-être pas vraiment des ministères de la rue de la Loi, ça ne passera pas comme une lettre à be.post.  Ca peut même conduire à des évolutions souterraines  imprévisibles dans la société flamande.
On reprend, pour bien faire comprendre un certain climax au Nord. Pendant toute la campagne électorale, l’électeur flamand n’a entendu parler que de priorités socio-économiques, avec bien des convergences de contenu de centre-droit parfois à peine nuancées entre Bart De Wever, Gwendolyn Rutten, Kris Peeters, Didier Reynders, Charles Michel et même Benoît Lutgen…
Surprise: dès la page de #be2505 tournée, politiques et médias flamands ne se demandent pas si le contenu tellement mis en avant est possible ou non avec les socialistes (ne jamais rien écarter en politique); mais seulement de savoir surtout quand De Wever va échouer.
Bref, nombre de flamands (et pas que N-VA) ont le  sentiment que les partis privilégient toujours, non pas leurs fameux programmes, mais le pouvoir facile…
Il n’a manqué qu’un siège à la N-VA pour être incontournable.  L’exclure- à tout le moins du Gouvernement flamand- sans même démontrer aux électeurs qu’elle s’exclut elle-même du pouvoir par ses positions radicales serait risqué.  Et  d’autant plus compliqué qu’il est quasi impossible d’écarter la N-VA juste sur base de son programme socio-économique, qui n’est pas loin… de ressembler comme deux gouttes d’eau à celui de l’OpenVLD (d’ailleurs, son meilleur et important soutien du moment)
Eliminer froidement le vainqueur -entendez la N-VA- déboucherait, au Nord, sur un malaise. Dont on ne sait ce sur quoi il pourrait aboutir. Une radicalisation de Bart De Wever, qui vire plutôt ces jours-ci presque parti traditionnel? Une apathie, un rejet beurk des moeurs politiques? Donc, un come-back des fachos du Belang?  Une “marche” style Shame, sans d’ailleurs plus d’influence que cette dernière?
La politique n’est pas qu’une affaire de calculettes additionnant le nombre de sièges: c’est très psy.