La ligne
oubliée du rapport de l’AFCN: quelle taille
maximale
dans la partie basse du réacteur?
Le
mystère des fissures évaporées de Tihange 2
Presque
mieux que celui de la Lettre Volée: voici le Mystère des Fissures Evaporées. Ou
plutôt des données, des valeurs techniques qui se sont apparemment envolées du
rapport de l’Agence Fédérale de Sécurité Nucléaire concernant l’état des
réacteurs de Tihange 2 et de Doel 3.
Tout comme
dans l’énigme d’Allan Poe, l’anomalie n’attire pas forcément illico l’attention.
Ce qui a
sauté aux yeux, lors des premières fuites parvenues à nos confrères du Soir, c’est la dimension des flocons
d’hydrogène, communément appelées microfissures: jusqu’à désormais 9 cm dans la
partie inférieure du réacteur de Doel 3.
Mais
l’étrangeté cachée est, dans le tableau statistique reprenant la taille
maximale des microfissures dans les deux centrales actuellement à l’arrêt,
l’absence de tout chiffre, de tout résultat pour la partie basse (“lower core
shell”) de Tihange 2.
Des “data”
censées n’être pas encore connues selon le tableau ad hoc.
Le hic,
c’est que, dans un autre calcul, le rapport de l’AFCN fait pourtant bel et bien
état de la…moyenne des tailles des microfissures de la même partie basse de
Tihange 2. Une pièce de métal considérée comme fort bien forgée- comme qui
dirait théoriquement approuvée par le Dieu Vulcain- avec un nombre de “flocons
d’hydrogène” jugé assez normal (80/85)
En 2014,
selon la nouvelle méthode approfondie de détection des défauts, la moyenne –on
insiste sur ce mot, la moyenne- des 85 microfissures répertoriées serait de
15,5mm/15,4 mm
D’ou deux
questions toutes bêtes:
1) Comment diable a-t-on pu établir une
moyenne des microfissures du “lower case shell” de Tihange sans disposer des
tailles de celles-ci?
2) Mais où sont donc passées ces
valeurs, surtout la taille de la plus grande fissure?
Pour faire
encore plus simple, disons que la valeur maximale du “lower core shell” de
Tihange 2 est étonnamment manquante des documents de l’AFCN.
C’est
l’énigme de la ligne manquante. On a fait une moyenne mais sans reporter pour
autant les valeurs maximales qui ont servi au dit calcul.
Reprenons
le tableau, celui-là complet, de la “moyenne” des fissures à Doel 3 et Tihange
2?
Qu’y
remarque-t-on? Que, dans les deux centrales, les valeurs moyennes des tailles
des fissures sont plus fortes dans le “lower core shell” (bas du réacteur) que
dans le “upper core shell” (le haut du réacteur, là où a sans doute lieu une
moins grande activité du réacteur).
Question un
brin dérangeante: se pourrait-il donc que les microfissures s’accroissent avec
le temps qui passe? (on vous passe les détails scientifiques, mais ce qu’on
appelle le “flux neutronique” est sans doute plus élevé dans le bas que dans le
haut d’un réacteur) Vous suivez? Car c’est le moment d’en revenir à l’oubli, à
la distraction, au petit rien,
bref à l’étonnante ligne manquante du rapport de l’Agence Fédérale de
Sécurité Nucléaire.
Quelle est
diable la valeur maximale de taille dans la partie basse (lower core shell) de
Tihange 2? Se pourrait-il qu’elle soit si gênante, si ennuyeuse qu’on l’ait
ainsi oubliée? Ce n’est qu’une question, mais elle est légitime. Car en découle
une autre interrogation: si les microfissures devaient suivre un mécanisme de
croissance avec le temps, se
pourrait-il que ces flocons d’hydrogène se développent jusqu’à une taille en
mode ouhlala surprise-surprise. Se pourrait-il que cela fragilise
progressivement le réacteur?
On ne crie
pas pour autant au loup: mais ce serait tout de même bien que l’AFCN retrouve
sa ligne manquante.
Sûrement
une erreur de dactylo, boss?