Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

vendredi 28 janvier 2011

La”contre-offensive ardennaise” de Di Rupo: la Flandre peut juger cela “hilarant”, au Sud, c’est une com’ tout bonus…


                          L'écrivain Tom Lanoye :"Le CD&V est comme un lapin pris dans les anneaux du boa constrictor qu'il a  lui-même créé".


“ Désormais, c’est la guerre pour  l’opinion publique “ a lâché, il y a peu, Bart de Wever. Il ne croyait pas si bien dire: la “contre-offensive ardennaise” de Di Rupo –comme l’ont baptisée les médias du Nord- en a surpris plus d’un par sa force. ( cross-over avec live-show gonflé, mails, médias, Twitter…) Ne fut-ce que parce que, en com’,  utiliser les mots “Gouvernement d’Union Nationale” (alors que d’autres termes kif étaient possibles) était assez gonflé, n’ayant d’évidence pas de quoi susciter l’enthousiasme de la N-VA, parti pas très euphémiquement porté sur le belgicain.
Le Ps a durci le ton...
C’est donc une formidable bataille entre deux “super-communicateurs”: à ce détail près que la com’ de chacun pilonne , désormais des deux côtés, surtout sa propre opinion publique.
Le président du PS a ,assurément, prudemment mesuré le poids de chacun de ses mots. Et, en politicien madré, se doutait bien que sa belle idée n’allait guère susciter des flonflons d’enthousiasme en Flandre.
Tout comme Didier Reynders savait pertinemment que son idée d'élargir Bruxelles au Brabant avait zéro chance d'être retenue au Nord.

En com, malin de pas dénigrer la manif inattendue.
Les objectifs de cette fausse percée étaient autres. D’abord, répondre aux critiques ( y compris celles de Vande Lanotte et des socialistes du Nord) selon lesquelles Di Rupo aurait désinvolté son rôle de triumvir, se camouflant, se dérobant derrière de multiples motivations montoises.
Donc, avec ce que la N-VA a qualifié de “pièce de théâtre”, le président socialo a tourné en tout cas à nouveau tous  les projecteurs vers lui, adoptant son rôle désormais de prédilection: vocaliser la posture de “ l’homme d’Etat conscient de ses responsabilités”.Au dessus de la mêlée.
Rik Van Cauwelaert, le subtil analyste de “Knack”,  juge que la créativité de Di Rupo déboule décidément toujours au mauvais moment,  juge carrément “ la proposition hilarante” et comme ne devant guère troubler la vespérale partie de bridge du Roi.
Peu chaud à l’Elio: quelque part il répond coeur de cible, sans trop de récupération- un réflexe chevillé au corps des politiques-, au malaise exprimé l’autre dimanche par les milliers de jeunes manifestants de la “Webgénération” de Shame, avides de dialogue et de davantage de transparence.
Eric Defoort, un des plus énervés de la N-VA,  le souçonne “d’avoir dit ça parce qu’il aurait absorbé des alcools forts”, le président du PS s’en tape le coquillard. Il sait qu’en rassurant sur l’économique et le social, sur la défense un brin roulement des mécaniques de la Sécu, il répond au climat anxyogène qui angoisse une bonne partie des wallons. C'est à dire son électorat, la préoccupation première et permanente de tout homme politique, quoi qu’ils en disent.
Jusqu’à nouvel ordre, aucun client de la célèbre friture ‘ t’Draaskste –celle de Bart- ne peut en effet voter PS.
Un sondage VRT affiche que 90% des flamands sont carrément négatifs quant à cet éventuel “Gouvernement d’Union Nationale”: le boss très peu contesté du PS  (hormis quelques grognements liégeois) sait que ce concept plaira encore dans le paysage francophone. Ou le MR du Charles Michel nouveau restera déchiré jusqu’à, FDF aidant,  peut-être jouer avec sa propre existence. Ou le CDH est en déglingue et ou Ecolo navigue vaille que vaille…Et si en plus, on peut humidifier, sinon  “mouiller” les libéraux, qui se sont “réjouis” de la créativité de Di Rupo, c’est le bonheur , fut-il momentané.
Plus politiquement, il est clair que le PS,  dont la stratégie est basée sur une attente tenace et qui fait mine d'avoir renoncé à vouloir le 16 rue de la Loi, a décidé poliment (on ne sait jamais…)  durcir le ton. Pas entre les hommes, Elio et Bart se ménageant jusqu'au trop poli pour être vraiment honnête. D’ou, depuis quelque temps, ce martèlement du fameux article 1 des statuts de la N-VA ( pourtant pleinement assumé par Bart face à Elio) sur l’indépendance de la Flandre (un article que les analystes du PS avaient longtemps oublié de lire, sans doute par distraction). D’ou la phrase viruslente, au micro de Bel-RTL : “ On ne va pas mettre un virus au coeur de l’Etat fédéral pour détruire celui-ci”.
L’objectif second, mais sans trop y croire, est clair comme de l’eau de roche: tenter de mettre fin au "baiser de la mort" et de dissocier N-VA et CD&V. Mouais: c’est oublier que Wouter Beke est, avec De Wever, un des “enfants” politiques de feu Hugo Schiltz, homme d’Etat de feu la VU; qu’il y a un CD&V qui n’est plus le CVP, qu’on note une certaine radicalisation de l’ACW, le syndicat chrétien flamand.
En fait, c'est surtout la position de repli de l'initiative Di Rupo qui est la plus sérieuse: offrir à Leterme de redémarrer pleinement avec un apéritif de réforme de l'Etat. (BHV + Bxl)
A 7 ou à 9, tout ce petit monde se reverra en tout cas bientôt.
Au Palais. Ou la ritournelle n’est plus tellement “ La Brabançonne” que: “ Et maintenant, que vais-je faire…”. Ou l'on écoute  l'idée (des contacts ont été pris) d'un retour de Verhofstadt, qui, en rééquilibrant au centre-droit, calmerait les angoisses de Bart De Wever. Et ferait que l'Open-VLD serait itou bien plus à l'aise que sous Leterme.
Et s’il n’y a pas de solution, si le modèle belge agonise, si même Di Rupo ne croit plus in petto à la possibilité d'un accord avec le "showman" Bart qui veut l'influence sans la responsabilité, eh bien on passera peut-être du concept du “gouvernement d’unité nationale” au “plan B”, certes encore assez impopulaire en com' mais pour autant toujours très étudié et affiné.
Et on fera en désespoir de cause ce qui est logique et plein, plein d’éléments de clarification: on ira revoter. En juin peut-être à nouveau.
Et si c’est ça, Elio Di Rupo a, en tout cas, déjà redoré son blason. Au cas zou.

(1) Bon, question utilisation des nouveaux medias, c’était p’t’être pas la meilleure idée, après des mois de silence twittelio, de faire twitter des 140 signes par une petite main et ce à l’heure ou ledit Di Rupo parlait précisément à la tribune. Twitter est un média où on ne se la joue pas.)