Oh, c’est une toute petite chose. Tout va très bien tout va très bien chez Ecolo.
Pourtant il faut que l'on vous dise. On déplore un tout petit rien...
Un incident, une bêtise. Comme il en arrive à tout le monde- n’est-ce pas Sarah Turine ? - lorsqu’on se retrouve devant les questions de Pascal Vrebos (RTL-TVI).
La gaffe que commit Emily Hoyos, dimanche midi, n’aurait même pas à être relevée. Par contre, ce qui vaut la peine d’être épinglé en quelques lignes, c’est la manière digne d’un classicisme politique hypocrite traditionnel avec laquelle certains écolos ont voulu manipuler, enterrer l’incident. Au lieu de dire simplement: “Oui, c’était une boulette. Et alors ? On ne peut pas être omnisciente... “
Reprenons le fil des événements. Emily Hoyos, plutôt sympa à l’antenne pour l’image Ecolo, s’en tire pas mal , comme elle dit,“de sa papotte avec Pascal Vrebos”. Elle casse crânement , non sans raisons, du Happart. Et on relève même une finaude habileté lorsque, dans le traditionnel “podium”, elle place le MR Willy Borsus, laissant le CDH André Antoine sur le carreau. (on se souvient juste que, avant le dernier scrutin-surprise des Régionales, Emily Hoyos penchait pour une coalition avec le MR, excluant donc le PS…)
Arrive une de ces questions internationales si chères à Josy Dubié: quid de la situation en Côte d’Ivoire ? Qui est le Président du pays après les élections ? ( Ouattara a gagné) Et là, bardaf, c’est l’embardée. A la stupéfaction générale de tout qui a écouté l’info des dernières heures, la Présidente du Parlement Wallon Emily Hoyos considère que le président officiel de la Côte d'Ivoire est bien, ceci expliquant éventuellement cela, l’ex-progressiste (il fut très proche du Parti Socialiste français) Laurent Gbagbo, malgré son coup d’Etat masqué.
Emily Hoyos répond net en opinant péremptoirement du chef: “Gbagbo. Oui, c’est lui…”
Et ce alors que le gagnant incontestable, Alassane Ouattara, proche, lui, du FMI, s’appuie déjà dimanche midi sur un très large soutien international : de l’ONU à Obama en passant par l’Europe d’Ashton ou Sarko.
Du coup, le député MR Alain Destexhe exploite sans retenue à fond la caisse démago les propos de l’Ecolo. Mais le milieu sympathisant vert est désarçonné. Du coup, sur Facebook, la parlementaire Zoé Genot plaide dimanche à 14h26 sur son Facebook, et contre l’évidence: “ Ce n’est ni sa position , ni celle d’ Ecolo, elle a juste répondu qu’ il etait le president avant les elections, mais manifestement pas clair et tordu par Destexhe...”
Zoé Genot, qui pourrait revoir la séquence de "L'Invité ", s’en tient là, sans grand libre-examinisme.
Isabelle Durant, le même dimanche - et bien consciente, elle, de la “mascarade de prestation de serment du perdant”- couvre sa collègue namuroise à toute vibrure. Interpellée sec sur Facebook, elle dédouane autant que faire se peut:
“Elle n'a pas annoncé cela. Si vous écoutez bien, elle commence (sans doute par défaut d'info sur les derniers rebondissements) par dire que c'est celui qui a prêté serment qui est le président “.
Las, Emily Hoyos fait elle-même plus fort lundi sur son Facebook. A la lire, on l’a d’évidence mal entendue.
“Notre position est sans ambiguïté, écrit-elle. Je regrette si ma réponse d'hier a pu semer le doute dans l'esprit de certains.”
Semer le doute : le mot est faible. Surtout lorsque tombe, plus sérieusement, le communiqué officiel Ecolo qui, ayant pris la mesure du couac, dit enfin exactement...tout le contraire des propos d’Emily Hoyos. On cite:
“Le bureau politique d’Ecolo a pris position sur la situation politique en Côte d’Ivoire. Ecolo considère les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel ivoirien désignant Laurent Gbagbo vainqueur comme contraires à la volonté du peuple exprimée au terme du scrutin et se refuse à les reconnaître.
En invalidant les résultats provisoires publiés par la Commission Electorale qui donnait Alassane Ouattara (avec 54,1% des voix) gagnant de l’élection, le Conseil constitutionnel a choisi de nier la demande d’alternance clairement exprimée par les électeurs ivoiriens. Les observateurs étrangers et européens n’avaient pas constaté de fraude majeure (…) Dans ce contexte, la prestation de serment précipitée du président sortant et perdant de l’élection Laurent Gbagbo apparaît comme un coup de force.”
Bel exemple de rattrapage d’une communication militante autant que nulle: de nos jours, l’internet (et son plus grand développement, les séquences video) est impitoyable pour la langue de bois et même de Gbagbois.
Bonus de ce 10/12:
Bonus de ce 10/12:
Emily Hoyos; Présidente du Parlement Wallon, a organisé sa contre-atttaque médiatique
dans “ L’Avenir”, le journal qui lui est le plus proche (elle habite la si jolie cité de Lustin, en bord de Meuse).
“Je ne suis pas là pour beurrer les sandwiches. On m’a même taxée, alors que j’étais enceinte et absente, d’avoir fait supprimer les chips en salle des parlementaires un jour où il n’y en avait plus. Non mais sérieusement, vous croyez que depuis chez moi je vais téléphoner au Parlement pour enlever les chips des tables ? (…) Mon but n’a jamais été de mettre le Parlement au pain sec et à l’eau. C’est vrai qu’il faut faire des économies au niveau du fonctionnement du Parlement. Mais je veille toujours à ce que le boulot des parlementaires se fasse de manière confortable.
Et comme l’Ecolo adore pratiquer le vieux truc de la com’ de l’exagération, elle ajoute:
“Je n’ai jamais dit que j’avais envie qu’on aille siéger dans des tentes”.
Et la Présidente Ecolo de ne pas s’empêcher d’encore tirer à vue ( ce qui est mérité, mais assez facile comme ficelle de com…) sur son prédécesseur: “C’est vrai que je ne suis pas Happart, ni en termes de relations internationales, ni en termes de gouvernance. Je ne suis jamais entrée à la salle des parlementaires en lançant «Champagne pour tout le monde, c’est ma tournée ! » sur le compte du contribuable.Je n’ai jamais fait de voyage officiel en Syrie ou accueilli au Parlement des dignitaires d’une dictature comme le Belarus. “
Par contre, Emily ne pipe plus mot de la Côte d’Ivoire: car là, elle avait fait carrément tomber le sandwich du mauvais côté…