Raser gratis ? Cette expression viendrait d'un barbier qui avait placé jadis une pancarte proclamant ladite formule…Mais notre artisan, tout aussi fûté que près de ses sous, l'y laissait tous les jours. Par conséquent, le naïf qui, le lendemain du jour où il avait vu la pancarte pub, venait se faire raser ou couper les cheveux et qui s'étonnait de devoir quand même payer, s'entendait répondre : "Oui, mais il y a écrit que c'est demain que c'est gratuit !". Aujourd’hui encore, notamment en politique, les promesses des personnalités en vue n'engagent que ceux qui les écoutent sans faire appel à leur libre-examen…Ce n’est pas le cas ici. Où on s'efforce plutôt de manier le mot à couper la langue de bois .

dimanche 6 juin 2010

LES TROUBLES DE L’ELECTION (37)/ THYSSEN FAIT RIRE LE STUDIO A LA VRT: QUAND LES FLAMANDS SE PREPARENT A PUNIR LE CD&V ET A ESSAYER BART…


A la VRT, on a vu, dimanche soir, les partenaires  de l’ex cartel CD&V-NV-A s’affronter durement.
Un duel très direct entre Bart De Wever, encore gonflé par son Congrès, et Marianne Thyssen, dégonflée par le dernier sondage en date.(CD&V derrière le SPa, en troisième parti)
Le public du studio applaudissait De Wever et riait ou s’offusquait de la présidente du CD&V.
Pas seulement parce que cela se fait à la VRT ou qu’en communication, Bart est plutôt un as. Et sa rhétorique régulièrement coup de crosse tout simple, n'autorisant guère de nuances. “Vous dites ne pas bien me connaître alors qu’on a fait un cartel ensemble ?” a-t-il  répliqué à MarianneThyssen, renvoyée dans les cordes avec son sourire pincé assez peu empathique.
Votre bilan  est nul sur toute la ligne” a cogné Bart, plaçant même un clin d’oeil au bon moment. Thyssen a terminé en faisant la moue, comme lorsqu’on a le sentiment que, zut, ça s’est plutôt mal passé dans la chapelure.
Et ce fut pire pour Marianne Thyssen tout au long de l’émission de la VRT (qui rassemblait tous les ténors du Nord). Ce n’est pas une fois, mais à plusieurs reprises, que le public du studio s’est mis à ricaner lorsque la présidente du CD&V tentait de faire valoir un bilan à la Justice…(la direction de la chaîne a dû s'excuser)
Ce qui est  donc en train de se passer, c’est que l’opinion publique flamande se prépare à punir sec les sociaux-chrétiens. Le bon vieux vote-sanction. Pour n’avoir pas tenu les folles promesses flamandissimes d’Yves Leterme et parce que celui-ci (“du niveau d’un échevin à Ypres” avait dit prémonitoirement le journaliste-écrivain du Nord Marc Platel) nous a donné trois années de confusion pschittt à tous les niveaux.
Les flamands sont-ils devenus soudain tous séparatistes ? Mais non: ils veulent simplement qu’on les gouverne vraiment. Comme les wallons. Comme les bruxellois.
Et un million et demi d’entre eux sont en train de se dire : tiens, pourquoi ne pas essayer cette fois la NV-A , qui a d’ailleurs assaini les finances flamandes.(un thème récuremment développé par la NV-A)
Dimanche, derrière la tribune du congrès NV-A de Gand, vieux truc de communication, un grand journal lumineux calculait  en temps réel le trou de la dette publique. Une préoccupation essentielle au Nord ( le quotidien De Morgen a le même tableau défilant sans cesse en homepage) ou la campagne se fait à coups de “plans  d’économies” contenant plus ou moins de “mesures impopulaires” : même le SPa y va de ses milliards à ponctionner. (au Sud on parle juste de “sobriété” et on multiplie les promesses )
On notera d’ailleurs, et c’est tout sauf un détail à l’aube de négociations, que le CD&V, ce faisant, a nettement déplacé depuis 2007 le curseur vers la droite, peut-être encore davantage que l’Open VLD d’Alexander sur certains domaines (pour les pensions et la fiscalité, l’Open-VLD et le SPa sont plus proches)
Donc, si le CD&V, déchiré par les dissenssions, les rivalités, les frustrations d’un Leterme subissait, malgré pourtant le soutien affiché de l’ACV-CSC, une défaite historique (ramené à 16%, c’est un tremblement de terre) ce serait évidemment la tendance modérément modérée du parti, celle actuellement représentée par Marianne Thyssen, qui serait mise illico en cause pour cette campagne électorale si dépeinturlurée couleurs de Flandre. Donc, on verrait sans doute, aux communales de 2012, nombre de mandataires CVD&V rejoindre la formation de Bart. Et le CD&V lui-même se radicaliser pour se refaire: logique.
Et la NV-A, mine de rien,  a communiqué dimanche de façon habile en en appelant à la constitution d’un “ Front flamand”. Pour que les autres partis s’engagent à ne pas participer à un gouvernement fédéral qui ne serait pas doté cette fois d’une majorité en Flandre.
C’est toujours bien de prendre l’initiative et de laisser les autres se positionner par rapport à soi : Marianne Thyssen a pu juste botter en touche à la VRT en disant “qu’elle n’avait pas encore eu le temps de la lire", ladite lettre.
 “ Bart De Wever ? C’est un homme qui a de l’humour, qui est sérieux et dont le radicalisme est vierge. C’est le représentant, comme Alexander de Croo, comme Caroline Gennez, d’une nouvelle génération politique…”
Celui qui s’exprime ainsi (HLNieuws), et dont les avis dénotent un peu dans l’actuel déluge d’interviews redondantes, c’est un revenant politique. A savoir Steve Stevaert, qui présida les socialistes flamands du temps ou ils représentaient encore plus de 20%. Un ex et populaire président du SPa qui préconise d’ailleurs, puisqu’ils ont des programmes très proches, d’aller vers un “regroupement électoral” , sinon une  fusion, entre Spa et Groen, les Ecolos du Nord.
Aujourd'hui, l’homme s’est étonnamment lancé dans les affaires à Cuba- y plumant des tonnes de poulets industriels en copinant avec toute la famille Castro- et surtout au Vietnam ou il est devenu président  d’un énorme projet portuaire à Hai Phong. (groupes Ackermans & van Haaren et CFE, comme quoi on se fait des relations en politique) Mais ça ne l'empêche pas de donner encore son avis : comme la nécessité d'avoir, demain, un gouvernement très resserré, sans secrétaires d'Etat. Et de considérer donc Bart De Wever comme un banal démocrate.
Car s’ils sont soufflés, mais pas encore balayés, par le vent qui semble porter la NV-A, vous ne trouverez aucun responsable politique du Nord, fut-il très à gauche, pour chichiter  à l’instar des francophones.
Qui cependant évoluent mine de rien puisqu’ils y vont  (dimanche soir, à Bel-RTL) désormais tous de leur nouveau refrain : “ Si on peut s’en passer, tant mieux, sinon on fera avec...”.
C’est d'ailleurs un effet de campagne facile : diaboliser encore un chouia la NV-A, plus nuancée que cela ( hier soir, De Wever a encore martelé son réalisme et sa volonté d’avancer pas à pas, comprenez lentement, vers la Flandre dans l’Europe) permet de noyer le poisson. En évitant de devoir parler de ses propres erreurs. A commencer par la formule “ On n’est demandeurs de rien” de 2007. Que plus personne ne se souvient soudain avoir prononcée ...