Pour l’instant réservé à la Défense Nationale française, le logiciel Tungstène n’en est pas encore à sa version algorithmique grand public…C’est bien dommage.
Son objectif ? Simple : détecter les images contrefaites grâce au célèbre logiciel Photoshop (ex-Display), dont les créateurs pensaient, à son lancement, commercialiser… 500 exemplaires (plus de dix millions d’utilisateurs aujourd’hui !) Une technologie qui influe désormais totalement sur les images que nous voyons au quotidien. Avec cette faculté de réécrire sans cesse les événements. Notamment en politique, lorsque Paris Match se fait par exemple prendre à gommer les bourrelets de Nicolas Sarkozy sur une peu flatteuse photo de vacances…
C’est que, pour leur com, les politiques de tous les pays adorent utiliser Photoshop pour lisser leur image… Tout l’art étant d’en faire suffisamment pour que cela reste naturel (laisser quelques rides) mais de ne jamais en faire trop (les dents plus blanches que blanches, comme Gerard Deprez, ça fait tout de même trop bizarre).
Certaines photos nous avaient déjà, perso, secouées. Mais, faute de logiciel-détecteur, on vient d’en avoir la confirmation grâce au quotidien flamand “Het Laatste Nieuws” qui vient de soumettre une série d’affiches électorales à l’appréciation visuelle de trois experts du genre.
Conclusion : à l’exception des candidats du SPa et de ceux de la liste De Decker, les socialistes flamands entendant montrer les candidats comme “communs des mortels”, tous les autres partis du Nord ont photoshopé. D’ailleurs plus ou moins bien, vu le peu de temps laissé par cette élection surprise.
La démonstration évidente en est Bart De Wever, tellement débarrassé de ses petits défauts (sauf ses petites rides de flamand de 39 ans) que son affiche fait presque croire à une peinture hyperréaliste… Jouant à communication ouverte, la NV-A a d'ailleurs permis de comparer la photo réelle avec celle finalement retouchée pour l’affiche de Bart.
Du côté des Verts flamands, on a itou chassé le naturel, fut-ce légèrement: l’affiche en noir et blanc de Freya Piryns, la tête de liste Groen au Sénat, a reçu du blanc pour illuminer ses yeux.
Le même truc de communication en fait que Laurette Onkelinx, tête de liste PS à la Chambre à Bruxelles, qui- ou que vous vous placiez par rapport à son affiche- vous regarde avec le fameux regard de Mona-Lisa, si prisé aux élections.Un tout petit point dans les yeux et hop, zêtes jocondée…
Mathias De Clercq, le jeune poulain de Guy Verhofstadt pour l’Open-VLD a , lui, encore quelque problo d'acné à 28 ans. Et le candidat Open-VLD de raconter des salades, prétendant “avoir été débarrassé de l’acné par une meilleure hygiène de vie”. Las, les experts sont formels : Mathias De Clercq a été clearasilé à la fonction “healing-brush” de Photoshop.
Mais l’affiche qui a décoiffé les experts, c’est assurément celle de Joelle Milquet (49). “ Ce n’est plus elle-même, et le photographe a très mal utilisé le logiciel, trop fortement “.
C’est simple, concluent-ils : “ On dirait, sur l’affiche, que c’est la jeune soeur de Milquet !”
Bref, au CDH, on photoshope dur. (comme ce fut le cas pour le voile de Manihur Ozdemir)
Mais si , d’Elio Di Rupo à Gerard Deprez en passant par un Michel Daerden ou un Philippe Moureaux (71 ans) tout rajeunis sur les affiches, Photoshop maquille donc joyeusement la campagne, cela, chez nous, se fait sans trop de polémique.
Ce n’est pas le cas partout puisque, lors des dernières élections britanniques (nouveau gouvernement noué en… cinq jours !) on a vécu en Grande-Bretagne une véritable bataille de communication sur ce thème du “fake” photographique.
Lorsque le conservateur David Cameron (aujourd’hui Premier Ministre) placarda le visage de son candidat sur de grands panneaux commerciaux avec une image pour le moins retouchée, cela souleva de vives réactions assez teintées d’ironie. Et déclencha sur le Net, dans les journaux, un grand mouvement humoristique et satirique sur le thème de la “retouche du changement”: plus de 1200 parodies de David Cameron. Tuant pour l'image.