Bart De Wever est passionné par l’histoire. Et on ne doute que ça sert grandement son intuition et explique souvent sa stratégie politique. Tout a déja eu lieu, seuls les hommes changent.
Et on met notre main au feu que, candidat à rien (sauf au maïorat d’Anvers) il se méfie grandement aujourd’hui de tout, à commencer par ce Palais à l’entourage si CD&V qui le reçoit désormais si aimablement. Jusqu’à déjà faire évoquer que Bart De Wever pourrait fort bien se retrouver un jour, à l’instar d’Hugo Schiltz ou de Frans Van der Elst, nominé Ministre d’Etat.
Comptez sur Bart De Wever pour ne surtout pas gâcher toutes les cartes qu’il a aujourd’hui en main. Et ne faire aucun show de sa mission.
Peut-être se souvient-il, lui, du libéral flamand Herman Vanderpoorten qui, jadis, fut un informateur royal motus et bouche cousue dont on ne sut quasi rien du rapport final, aujourd’hui enfoui dans quelque archive du Palais Royal..
En attendant, d’ici pas longtemps, Elio Di Rupo sera donc formateur.
Car si Bart De Wever a endossé, il est vrai un peu forcé et contraint par son succès, le titre d’informateur (à force d’inventer des “explorateurs” et des “démineurs”, on en avait presque fini par oublier la fonction toute simple d’ “informateur”), cela signifie, mine de rien, que le fils de mineur et le fils de cheminot peuvent voir un chouia plus loin.
L’un avec ce trait de tempérament très flamand qu’est l’efficacité: pas de temps à perdre en circonvolutions ou précautions oratoires ronds de jambe. L’autre, plus miel, mais qui ne perd jamais son temps jusqu’à parfois même frustrer ses interlocuteurs.
L’un qui, depuis dimanche, symbolise tout ce que souhaite, tout ce que veut le Nord du pays. L’autre qui est en position stratégique pour, au nom du “pays stable”- ce slogan à total double sens- faire passer au Sud une réforme secouante de l’Etat. (c’est amusant, De Wever a curieusement repris l’expression-éthylo-clé: un “grand accord exceptionnel” de Michel Daerden)
Et ce n’est pas par hasard si, en communication, le “grand wallon” Elio déboule désormais chaque jour dans les medias: c’est qu’il faut, après que les partis francophones aient tant diabolisé la NV-A, reconvertir les esprits, les préparer à un double choc.
Celui de la négociation poussée avec “le gros flamand” (en français itou dans la presse flamande) de la NV-A et celui d’une évolution désormais très radicale du pays hors tout ce qui touche à la Sécurité Sociale, la seule ligne vraiment au rouge du PS. Car c’en est bientôt fini de faire comme si: de faire accroire que des compétences autres que des poussières légales pourraient venir “renforcer le fédéral” comme le trompette encore le “vieuvieuzelas” Francis Delperée pour le CDH.
Et les signes, petits ou grands se multiplient : que ce soient les organisateurs du fameux “Gordel”, la promenade-manif cycliste flamande autour de Bruxelles, qui envisagent l’abandon de la coursette noirejaunette l’an prochain ou, au plan anecdotique, le largage par la VRT de la diffusion du concours de la “Babe BHV”, les promoteurs de Miss devant bizarrement se rabattre vers les caméras d’une télé …roumaine.
Plus sérieusement – et cela sera assurément dûment noté au Bd de l’Empereur- , on relève aujourd’hui les propos iconoclastes de Francis Gomez, le président de la FGTB Métal de Liège. Qui est, certes, un syndicaliste un peu hors-normes, pas du tout dans la ligne fédérale du mouvement syndical, mais qui est aussi le reflet d’une tradition d’indépendance, initiée par André Renard, syndicaliste et fondateur du Mouvement Populaire Wallon. Dans “ La Libre” et , de manière plus explicite, dans une édition spéciale, c’est vous dire :-), du mensuel “Rouge Métal”, Gomez communique lourd en prenant carrément fait et cause pour une régionalisation ouhla très accrue. "La situation économique de la Flandre est tout à fait différente de celle de la Wallonie, dit-il, et les remèdes aux problèmes doivent être différents".
L’héritier lointain d’André Renard incite donc les francophones à ne conserver... que la seule sécurité sociale au niveau fédéral. Finis donc, pour cet hérétique, les accords interprofessionnels nationaux qui, selon lui, in fine, handicapent les négociations régionales: "Ce ne sont jamais que des compromis minimalistes et boiteux qui finalement génèrent des tensions dans les secteurs ou les entreprises, alors qu’au départ ils devaient être un socle commun satisfaisant pour tous”.
On ne sait jusqu’où le PS osera prendre en main tous les leviers à fédéraliser que la NV-A et les autres partis flamands- d’ailleurs tous liés par les historiques résolutions du Parlement flamand- lui proposeront. Mais cette fois, cela devient assez clair, on y va.